Un monument est tombé – partie 1
[Reportage] En arrivant ce 27 avril à l’Ecole Belge de Kigali, je découvre une scène pour le moins singulière : des élèves contemplent, comme si ils avaient devant eux une baleine échouée, l’immense acacia écroulé la nuit même dans la cours de récré. Ce sera l’occasion de faire un cours d’écologie et quelques photos pour une sorte de recensement de biodiversité d’urgence.
Kigali est en pleine mutation. Une urbanisation effrénée a malheureusement raison des vieux arbres de la ville. A l’Ecole Belge, notre vieil acacia (Fabaceae spp.) a préféré rendre les armes par lui-même. Suite à une forte pluie, la terre ramollie ne lui a probablement plus apporté le soutien nécessaire et l’immense arbre est tombé. Heureusement qu’il n’y avait personne en-dessous à ce moment là !
Mais il faut avouer que l’occasion est trop belle, la plupart des organismes vivants qui vivent sur ce genre d’arbre son visibles dans leur partie aérienne ! Maintenant écrasé au sol, toute cette vie grouillante sera plus facile à observer, avant que tout l’arbre ne soit débité et évacué. Alors voilà, avec les élèves de S6, nous en avons profité pour faire notre cours d’intro à l’écologie, voici ce que nous y avons appris. Merci à Naznin et Thibaut pour les photos !
Commençons par les mousses et les lichens.



Quand on parle d’écologie, on parle d’écosystèmes. Un écosystème, c’est une communauté d’organismes vivants en interactions entre eux et avec les composants non-vivants de l’habitat. Souvent, on imagine les écosystèmes comme d’immenses ensembles tels que une forêt, ou une mare. En réalité, l’image qui correspond le mieux aux écosystèmes est une fractale, un ensemble qui se divise en parties qui se divisent en parties, qui se divisent et qui se divisent en parties jusqu’à l’infiniment petit :

Prenons la surface de la terre, ses êtres vivants et l’ensemble des leurs habitats, c’est la biosphère. Cette biosphère est elle-même subdivisée en biomes, un ensemble d’écosystèmes sous un même climat, la savane par exemple. Cette savane regroupe différents écosystèmes en fonction de leurs habitats : près de l’eau, dans une marre, sur un plateau herbeux. Dans ce dernier, on retrouve des arbres adaptés à passer plusieurs mois avec très peu d’eau : les acacias. De part ses branches, ses feuilles, l’ombre qu’il procure, l’humidité qui peut s’y accumuler, l’arbre recèle une infinité de micro-conditions très variées dans lesquelles les organismes vivants y trouvent leur compte. Les mousses en sont un bon exemple et constituent à elles-seules de véritables écosystèmes aussi ! Elles grouillent de micro-organismes observables au microscopes, bactéries, protozoaires, petits pluricellulaires tels que nématodes, tardigrades, aoûtats, qui vivent dans un environnement humide et riche en matière organique : le buffet est ouvert !
Les lichens eux, c’est une symbiose entre un champignon et une algue. Ils sont très sensibles à la pollution atmosphérique, leur présence révèle donc une excellent qualité de l’air à Kigali ! Malheureusement, cela est en train de changer.
Les fourmis et les termites sont essentielles pour le maintient des écosystèmes : ils récupèrent et recyclent la matière organique. De plus, avec leurs galeries et structures en terres, elles apportent une foule de minéraux aux plantes du secteur.



Beaucoup de papillons ont été observés. Pour rappel, il est interdit de les tuer ou de les prélever pour collections, beaucoup d’espèces sont menacées.


Les cétoines sont de gros insectes caractéristiques de l’Afrique de l’Est, ils sont communs dans nos jardins, à se reposer ou butiner sur les fleurs.

Les carabes sont des coléoptères prédateurs, ils se nourrissent d’insectes et autres arthropodes plus petits qu’ils chassent.

Les Ptyelus sont des sortes de cicadelles. Ce qui est remarquable avec cet insecte, est son camouflage sur sa partie supérieure ; dans un feuillage, il passe totalement inaperçu !

Le même Ptyelus, typique d’Afrique de l’Est, mais vu de face : sous son thorax, on observe son organe piqueur suceur, qu’il utilise pour aspirer la sève des plantes. C’est un parasite des végétaux.

Les Syrphes, contrairement à ce qu’on pourrait penser sont des mouches ! Ces insectes sont capables d’effectuer des vols stationnaires. Et cette coloration du genre « attention, je suis peut-être une abeille qui pique » leur permet de ne pas se faire embêter par les prédateurs habituels des mouches. C’est le mimétisme batésien.

Et puisqu’on voit les feuilles de l’Acacia, profitons-en pour un petit focus. Pour éviter de perdre trop d’eau quand il fait chaud, les pétioles des feuilles se replient sur elles-même.

Nous avons encore pu observer plein de choses, à découvrir la semaine prochaine sur ce même blog, ne ratez pas le rendez-vous !
A bientôt…
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