Lagrenouille

La paréidolie : quand Jésus est une star du rock

La paréidolie, c’est quand notre cerveau veut à tous prix donner du sens à des choses abstraites. Ces interprétations sont subjectives et sont aussi influencées culturellement : un bouddhiste pourrait-il voir la tête à Jésus dans les nuages ? Analysons quelques cas concrets. 

Jésus fer à repasser
Merde ! J’ai trop repassé le suaire de Turin!

C’est insolite, c’est vrai, mais certaines personnes croient dur comme fer (à repasser) que leurs idoles préférées leurs envoient des messages depuis les limbes des cieux :

Mais comment est-ce qu’un truc pareil est possible ? Je veux dire, comment est-ce qu’on peut voir Jésus sur un fer à repasser ? Le cerveau, encore lui, va décoder les impulsions nerveuses reçues par la rétine de nos yeux excitée par les rayons lumineux de l’image. Le cerveau reçoit donc un message qui ne ressemble pas à grand chose, ce que notre cortex ne supporte pas ! Il essaie absolument de donner un sens à ce message, il se met donc à analyser dans ses dossiers de « mémoire visuelle » et trouve que ce qu’il y a sur ce fer à repasser ressemble grandement à un visage. Mais dans les dossiers « mémoire visuelle » du cortex de Madame, il y a une image qui apparaît souvent car il est d’une importance capitale pour elle : Jésus ! Objectivement, l’image sur ce fer à repasser ressemble un peu à du n’importe quoi… Mais son cortex à elle, humble femme dévote aux tâche ménagères et au Christ,  voit Jésus (« oh my god !« ). C’est là qu’interviennent les émotions et la subjectivité. Emotionellement, pour un chrétien, Jésus c’est pas rien. Le cerveau, se laissant submerger par ses émotions, aurait tendance à mettre sur le dessus de sa pile de dossiers « mémoire visuelle » les images à forte valeur émotionnelle ! Madame préfère voir le Christ, qui donne probablement énormément de sens à sa vie de femme au foyer (et symboliquement, il n’apparaît pas n’importe où : sur son fer à repasser ! probablement un objet d’oppression, son mari ne supportant pas les faux-plis… ) plutôt que Raspoutine, ou n’importe quel hippie poilu.

Autre chose extraordinaire, c’est l’importance donnée socialement à cette « apparition », c’est passé à la télé sur CBS !!! Alors oui, dans cette situation, soumis à une telle pression sociale et culturelle, il est difficile de voir autre chose que le Christ sur ce fer à repasser.

Jésus, c’est aussi une star du rock. Ou alors c’est Raspoutine.

Avec les paréidolies, on peut voir des visages partout. Si le visage que l’on croit voir est barbu et que l’on se trouve dans une zone géographique traditionnellement chrétienne, on verra Jésus. C’est là que l’interprétation des paréidolies par notre cerveau peut être influencé (conditionné) par notre culture. J’en ai pour preuve les images suivantes. Ces photos ont été glanées aux hasard de mes dérives sur Internet. Les personnes ayant posté ces photos prétendent y voir des apparitions de Jésus sur des objets les plus insolites… Pour ma part, j’avoue de pas toujours y voir le fils de Dieu, jugez plutôt :

Jésus crêpe
Jésus ou Raspoutine ?
Raspoutine
Ra-ra-raspoutine

 

Jésus Tortilla
Jésus ou Frank Zappa ?

 

frank zappa
Frank Zappa

 

Jesus métal
Jésus ou Depardieu ?

 

Depardieu
Gérard Depardieu

 

Jesus cuillère
Jésus ou Ian Gillan ?

 

Ian Gillan
Ian Gillan

 

Jesus capuchon
Il faut lécher Jésus… Ou Lemmy Kilmister ?

 

Lemmy Kilmister
Lemmy Kilmister

 

Jésus glissement de terrain
Jésus ou Ritchie Blackmore ?

 

Ritchie Blackmore
Ritchie Blackmore

Jésus peut même apparaître sur le trou de balle d’un petit chien

Oui, comme ce sous titre l’indique. Je ne sais pas ce que cela signifie du point de vue « transfert psychologique »…

Jésus fesses chien
Les voies du seigneur sont impénétrables

Et je vous ai aussi dégoté d’autres apparitions improbables du fils sacrifié par Dieu. Amusez-vous :

Jésus ciré
Jésus à ne pas aplatir

 

Jésus nuage
Jésus aux allures de joueur de rugby. Hop ! contrepied.

 

Jésus foule
Jésus en plein milieu de la foule qui nous fait signe. Il a l’air super-content et a une attitude très « people » du genre « salut les mecs ! Oui, c’est moi, Jésus ! J’suis dans la place avec mon possee« . (source inconnue)

 

Croix ciel
Quoi ? Jesus aussi s’amuse avec les « chemtrails » ? Gamin va !

 

Jésus caca
Jésus apparaît sur un caca d’oiseau. La classe.

 

Jesus reloaded
Jesus 2, le retour !

 

Jésus poêle
Jésus à poêle

Paréidolie sous pression sociale

Un peu plus haut, je mentionnais une certaine pression sociale pour forcer à l’interprétation subjective de certaines formes abstraites. Regardez plutôt ceci :

Jesus new york

Sur la photo, prise par Andrew Savulich en 1994 à New York, on peut voir une foule, béate, devant ce qui est interprété comme l’apparition de Jésus dans… la salle d’un bain d’un immeuble. Je n’ai pas réussi à trouver plus de détails sur les conditions de cette « apparitions » cependant, on peut aisément imaginer que, de nuit, depuis le cinquième étage de cet immeuble, il est difficile d’apercevoir nettement ce qui se passe dans cette salle de bain : paréidolie enfin, hallucination collective ? Ça, ce sera pour la semaine prochaine ! Je vous expliquerai comment une même paréidolie peut être perçue par des cerveaux différents et alimenter des théories complotistes.

Ce billet s’inscrit dans le cadre d’une série d’articles sur la paréidolie. Précédemment, j’ai déjà illustré comment notre cerveau voit des visages partout et interpellé notre esprit mal tourné.

A la semaine prochaine !

 

 


La paréidolie, quand tu crois que tu as l’esprit mal tourné

La paréidolie, ce n’est pas que voir des visages dans des formes abstraites, ça a aussi un côté obscur… Auriez-vous le cerveau mal tourné ?

pareidolie gif

La semaine passée, je vous présentais une série de paréidolies, ce phénomène cognitif complexe qui démontre que le cerveau interprète les images que nos yeux voient. Alors oui, montrer des paréidolies où notre cerveau nous fait voir des visages c’est bien sympa mais le côté obscur de la paréidolie, c’est notre esprit mal tourné… Car oui, notre cerveau interprète, donne du sens à des choses abstraites en fonction de ce qu’il connait. Par exemple, est-ce que vous pouvez donner du sens à cette nacelle de balançoire si vous ne connaissez pas les Tortues Ninjas ?

paréidolie

Ha oui ! Vous voyez où je veux en venir ! Alors voilà, vous « voyez » quoi, enfin, vous avez habitué votre cerveau à voir quoi dans l’image ci-dessous ?

paréidolie
C’est un arbre, non ?

On est d’accord, dans la réalité, c’est un tronc d’arbre. Mais bon, hein ? Votre cerveau vous fait voir quoi d’autre ? Il faut l’avoir vu une première fois (sans les écorces) pour le « voir » dans cette image, non ? Alors, vous avez l’esprit mal tourné ? Ou une cognition efficace ? Allez, moi je vais pour la deuxième proposition. Mais quand-même… Cette interprétation est subjective ! Elle dépend des expériences de chacun, tout le monde ne « voit » pas ce que je vois. D’ailleurs, je vois quoi moi ? Un magnifique tronc d’arbre.

Les paréidolies à caractère sexuel (oui allez, je lance le mot), ça vient d’où ? Pourquoi, adulte, voit-on aussi vite des allusions sexuelles dans des objets innocents ou des formes abstraites ? Le cerveau a ses priorités on dirait. Oserais-je justifier ça par la sélection naturelle ?

Bon allez, voici une autre série de paréidolies un peu salaces.

Ou pas… C’est à votre cerveau de vous faire voir.

pareidolie
Sacrée poussée d’Archimède !

pareidolie

pareidolie
Au four ou à la vapeur ? En tous les cas il va falloir chauffer (rholalalalaaaaaa !)

 

pareidolie

pareidolie
Et hop ! Sans les poils !

 

pareidolie
Sacré courant d’air…

 

pareidolie
Le syndrome de la page blanche

 

pareidolie
Une grosse paire de bras
pareidolie
A l’aise hein !

pareidolie

pareidolie

pareidolie

pareidolie

pareidolie
Avec les poils

pareidolie

pareidolie
On voit vraiment le mâle partout

pareidolie

pareidolie
Les trois petits cochons

 

pareidolie
Il a l’air doux ce chien…

 

pareidolie
Mignon petit animal (si je dis que c’est une chienne, ce qui est le cas, ça ne passera pas)

 

pareidolie
Il fait chaud on dirait !

 

pareidolie
C’est pour une meilleure propulsion

 

pareidolie

pareidolie
Saucisses

 

pareidolie
Un petit tour à vélo, tranquille. Rien de mal à ça.

Voilà-voilà…

Bon, comment dire… Comment finir cet article avec classe ?

Priez pour mon âme.

pareidolie

Je saute sur l’occasion : la semaine prochaine, vous aurez droit à une nouvelle série de photo sur les paréidolies : quand on voit Dieu partout, agrémenté d’euphorie collective ! Car oui, ce que nous fait « voir » notre cerveau est parfois cul (arf) mais aussi culturel !

La source des images ? Fouillez comme moi sur Pinterest, vous les trouverez aussi 😉

Une remarque sur la dernière illustration : bon, d’accord, ce n’est pas une paréidolie au sens strict, je dirais, étant donné que l’image n’est pas abstraite du tout. Cependant, le contexte dans lequel est placée cette photo voudrait nous signifier une autre activité que la prière pour ce jeune garçon : toute l’importance de la subjectivité !


La paréidolie, quand le cerveau nous joue des tours

La paréidolie, c’est quand le cerveau nous fait voir des choses familières à partir de formes abstraites. Voici une petite sélection (bien rigolote) d’images qui illustrent ce phénomène de paréidolie. Focus sur les paréidolies du visage.

« Une paréidolie (du grec ancien para-, « à côté de », et eidôlon, diminutif d’eidos, « apparence, forme ») est un phénomène psychologique, impliquant un stimulus vague et indéterminé, souvent visuel, plus ou moins perçu comme reconnaissable. » Merci Wikipedia.

Les paréidolies font partie des illusions d’optique (quand elle sont visuelles). Elles sont liées au fait que le cerveau interprète plus qu’il ne voit. Je m’explique : la rétine par exemple, reçoit des stimulation lumineuses et les envoie sous forme codée, abstraite, un message nerveux en fait, au travers du nerfs optique vers le cerveau. Le cerveau ne voit rien. Il crée une image qu’il nous fait voir en fonction du message nerveux reçu. A force d’interpréter certaines formes familières, le cerveau peut donner du sens à des formes abstraites ! C’est ce qui arrive quand on a l’impression de voir des visages dans des objets, de la mousse, ou des nuages. Eh bien, les visages justement : cette série de paréidolie est dédiée aux visages que notre cerveau nous fait voir dans les objets les plus loufoques.

parélidolie

parélidolie

parélidolie

parélidolie

parélidolie

parélidolie
C’est flippant ce truc…
parélidolie
Appelez les chasseurs de fantômes !
parélidolie
« Big brother »

parélidolie

parélidolie

parélidolie

parélidolie

parélidolie
« come to me »

parélidolie

parélidolie

parélidolie

parélidolie

parélidolie
AaaaaAAAh ! Trump est enfin à la poubelle !

parélidolie

parélidolie

parélidolie

parélidolie

parélidolie

Toutes ces images proviennent de Pinterest ou du compte twitter « faces in things »

La semaine prochaine, il y aura une petite série de Paréidolies un peu plus salaces, enfin, ça dépend de l’interprétation de votre cerveau… Je veux dire, en fonction de ce que votre cerveau à l’habitude de voir… Quoi ? Vous ne pensez pas avoir le cerveau mal tourné ? On verra bien !

Rendez-vous la semaine prochaine.


Perles d’examens de décembre 2017 et une surprise

En exclusivité, les perles d’examens de décembre 2017 et une grosse surprise, aussi grosse que la moustache de Tom Selleck !

C’est bon, fini de corriger ! Je n’ai toujours pas eu d’infarctus malgré tout le café que j’ingurgite et tout le metal que je m’injecte dans les oreilles et surtout, avec tout ce que je peux parfois lire dans mes examens de la part des élèves !

Cette saison a été relativement molle, si je puis dire ou en tous les cas, rien de semblable à :

Je vous referais bien un système digestif !

AaaAAAAaaAAAh ! J’ai un clitoris dans l’oeil !

AAAaaaaAaaaAAAAAaaAAAh! J’ai un anus dans le gland !

REMARQUE : je ne tiens pas à savoir si tout ces trucs là font mal ou pas.

Et enfin :

Le contrôle parental dans le cerveau

 

Mais en cette session de décembre 2017, il y a eu quelques perles notables quand-même, allons-y :

happy season 1 GIF by Portlandia

 

Alors voilà. Pour l’examen de Bio de S3, je demande d’évaluer les dépenses énergétiques des élèves sur une journée type de semaine. Il y a soit le déni scolaire complet :

perles d'examens

 

Soit, l’élève qui, en plein climat tropical, a des activités assez particulières et très caloriques.. Je sais qu’il y a des collines au Rwanda (pays depuis lequel je corrige ces examens) mais… Quand-même ! (et toujours pas d’école) :

perles d'examens

 

Et quand je demande de détailler le nombre d’heures de chaque activités, certains élèves le prennent au pied de la lettre :

perles d'examens

 

Dans l’examen de chimie, si on fait un exercice sur les oxydo-réduction, on parle des redox…

perles d'examens

 

Pour continuer dans les bonnes blagues, je préfère me solidariser avec ceux qui essaient à tout prix :

perles d'examens

 

En génétique S6, un illustre ancêtre inconnu ne peut-être qu’un…

perles d'examens

 

Et enfin, Booby nous explique comment fonctionne le système circulatoire :

perles d'examens

 

Voilà, pas de gros éclats de rire, des petits trucs sympatoches quoi !

Mais je ne vais pas m’arrêter là, car en exclu, j’ai toujours les perles d’examens de juin 2017 sous le coude ! Je ne les avais pas publiées sur le blog à l’époque. Voici donc pour vous :

Les perles de juin 2017 :

perles d'examens

Un petit air de ressemblance avec ça, non ?

Zack de la Rocha

 

Je ne sais vraiment pas ce que ces élèves retiennent de mes cours ! Jugez plutôt :

perles d'examens

 

En chimie S6, quand on parle d’un mélange tampon, certains élèves trouvent le moyen de répondre avec classe et subtilité :

perles d'examens

 

Ce qui est effectivement, très « distinquet » :

perles d'examens

 

Certains élèves ont une manière particulière de représenter l’encéphale humain :

perles d'examens

perles d'examens

 

Passons à l’écologie ; commençons par des considérations pragmatiques, la baise des ressources :

perles d'examens

 

Passons ensuite à des considérations plus métaphoriques :

perles d'examens

 

Pour finir par des évidences toutes convenues :

perles d'examens

 

Terminons en beauté par des choses agréables comme les règles :

perles d'examens

 

Mais aussi une moustache :

perles d'examens

tom selleck

 

Allez, merci à tous ! Vous avez bien bossé et avez tous mérité de bonnes vacances. Bonané et Noyeux Joël ! Tous les bons voeux de santé et d’amouuuur pour vous tous !

Moi, je m’en vais repiquer des radis et éclaircir la roquette.

Sproutch Lagrenouille
Sproutch Lagrenouille en personne !


J’ai un élève voyageur temporel

Je pense avoir envoyé un élève dans un cul-de-sac spatio-temporel, des faits troublants en seraient la preuve.

En début d’année scolaire, quand je découvre mes nouveaux élèves, je ne rejette pas la possibilité que dans quelques années, l’un d’entre eux réussisse un voyage temporel. Je demande alors aux élèves de prendre un papier, un bic et de noter méticuleusement la date et l’heure au moment où je leur ai demandé d’écrire et d’y rajouter 5 minutes. Je leur demande aussi de noter le lieu où cela a été écrit, c’est-à-dire mon local de Biologie. Je dis ensuite aux élèves : « Gardez précieusement ce papier avec vous pour ne pas oublier cette date et ce lieu, car, si l’un d’entre vous arrive dans le futur à voyager dans le temps, j’aimerais qu’il vienne me rendre visite dans 5 minutes, à l’entrée de ce local. » Je me poste devant l’entrée de mon local, sous les regards amusés de mes nouveaux élèves… Certains d’entre eux se demandent quelle excentricité me prend (ils ne se doutent pas que c’est le début d’une longue série) alors que d’autres, comme moi, sont curieux du résultat.

Figurez-vous ce qui est une fois arrivé :

Rien. Jamais personne ne s’est présenté à la porte de mon local à l’heure et à la date prévue. Sauf M. Eric, l’éducateur qui est venu relever les présences pile-poil à l’heure où on attendait notre voyageur temporel. M. Eric s’est amusé de ce fou rire général sans en comprendre l’origine…

Une erreur de précision dans les coordonnées géographiques

Ce n’est que l’année passée que je me suis rendu compte d’une erreur dans la réalisation de cet exercice, quand je donne l’instruction de noter comme donnée géographique « devant le local de M. Leeuwerck à l’époque où j’étais élève » ; ce n’est pas précis ! J’ai sûrement envoyé un futur ancien élève au mauvais endroit… Je rectifie mon erreur : l’entrée de mon local de biologie se trouve précisément aux coordonnées suivantes : 1°57’04.68 » Sud et 30°03’35.31 » ; élévation de 1556m. Voilà. Bon, en fait, je viens de donner un endroit précis sur la surface de la Terre mais ce point bouge dans l’espace, vu que la Terre tourne et qu’il y a aussi des mouvements sismiques et j’oublie sûrement d’autres facteurs… Mais je suppose que si une machine à remonter dans le temps est conçue, elle le sera avec un logiciel qui tiendra compte de ces mouvements de la surface de la Terre pour nous ramener précisément au point de l’espace où se trouvait la coordonnée terrestre à la date désirée.

Local BIO à l’Ecole Belge de Kigali, objet de particularités spatio-temporelles – Crédit : Eric Leeuwerck

C’est une bière qui révèle qu’un de mes élèves est un voyageur temporel

En réfléchissant un peu plus, coordonnées géographiques correctes ou pas, la question est quand même « Si on n’a jamais rencontré de touristes temporels, cela veut-il dire que le voyage dans le temps est impossible ? » La réponse se trouve dans le paradoxe suivant : si je trouve le moyen de voyager dans le temps et que je tue mon père ou ma mère ou les deux, avant ma naissance, qu’adviendra-t-il de moi (ou si je tue mon grand-père car en fait, le paradoxe est dit « du grand-père ») ? Je n’existerais plus… Mais comment alors aurais-je pu voyager dans le temps pour tuer mes parents ? La solution à ce paradoxe repose sur l’hypothèse que si je voyage dans le passé et que je modifie ce passé (je tue mes vieux), je crée de nouvelles dimensions spatio-temporelles parallèles qui vont évoluer chacune vers un nouveau futur. Reprenons l’exemple du parricide ; en tuant mes parents, je crée une dimension dans laquelle je n’existerai pas, qui évoluera en parallèle à une dimension où mes parents non tués par leur psychopathe de fils, auront un fils (moi), qui reviendra les tuer dans un autre passé que celui où mes parents seront mes parents.

Donc voilà… Voyager dans le passé change les paramètres futurs et donc crée des dimensions parallèles.

Ce qui nous amène à la semaine passée : transi d’effroi, je décide d’arrêter d’inciter les élèves à voyager dans le temps… Pourquoi ? Parce que, le semaine passée, je me rends compte que j’ai peut-être envoyé un élève dans une dimension parallèle,  je suis probablement tombé sur la preuve qu’un de mes élèves réussira à voyager dans le temps et que ça lui a peut-être causé des problèmes très sérieux. La preuve en est sous la forme d’une bière alsacienne, la Mützig.

Très longtemps au Rwanda, avant que Skoll ne vienne jouer les trouble-fêtes, on avait le choix entre deux bières : la Primus et la Mützig, toutes deux distribuées par la Bralirwa, Brasseries et Limonaderies du Rwanda. La Mützig était brassée à l’origine en Alsace depuis 1810 mais l’entreprise ferme en 1989. C’est Heineken, actionnaire majoritaire de la Bralirwa qui rachète la recette et vend encore de la Mützig au Rwanda. Par hasard, en feuilletant un vieux Science et vie de septembre 1983 qui traine dans mon local, je tombe sur ça, page 150 :

Pub Mützig, Science et Vie n°792, page 150

Vous ne comprenez pas encore où je veux en venir avec cette bière et des paysans alsaciens dans un Science et vie ? Regardez alors cette vidéo que j’ai réalisé avec des élèves en mai 2015 :

Vous l’avez vu ou pas ?

Arrêt sur image :

Julien, un « patator conceptor » et voyageur temporel. Copie d’écran Youtube.

Oui, c’est bien lui : Julien, le concepteur du patator ! J’ai parlé à Julien, je lui ai demandé :

« – Pourquoi est-ce que tu es dans cette pub de Mützig de 1983 ?!

– Ah ben j’sais pas M’sieur ! »

Je jauge son regard, il a un sourire en coin… C’est vrai que maintenant, Julien ne peut pas encore savoir qu’il voyagera dans le temps, à moins qu’il ne vienne du futur. Ce « Ah ben j’sais pas M’sieur » me semble suspicieux… Pourquoi ne m’aurait-il pas plutôt dit « Mais vous racontez n’importe quoi M’sieur ! Ça peut pas être moi ! C’est impossible ! » Donc, j’ai un doute. Cette image de la pub Mützig, je l’ai découverte seulement la semaine passée, mais je ne sais pas à quel moment elle est apparue dans la revue Science et Vie… Sûrement pas en 1983, date de la parution de ce numéro de revue…. Mon hypothèse est que cette image est apparue il y a 5 ans, lorsque Julien, tout nouveau à débarquer dans ma classe, a subi mon exercice d’incitation à voyager dans le temps, mais ça, je n’arriverai pas à le prouver…

Ce qui me taraude le plus, et c’est là que j’ai probablement envoyé Julien dans un cul-de-sac spatio-temporel, c’est de me dire que cette page 150 du Science et Vie n°792 est peut-être LA dimension parallèle dans laquelle j’ai envoyé Julien : les coordonnées sont parfaites, mais je ne saurais vérifier à quel moment cette image est apparue. Sauf si, parmi mes lecteurs, quelqu’un aurait sous la main un exemplaire du Science et Vie de septembre 1983 et pouvait me dire si oui ou non, la page 150 est similaire à la mienne. NOTE : après avoir rédigé ce billet, un lecteur a commenté « A quoi bon poser cette question ? Nous sommes tous dans la même dimension spatio-temporelle ! »

Mise en garde

J’ai évidemment mis en garde Julien contre les risques du voyage temporel et je me suis excusé auprès de lui de l’avoir incité à faire cette expérience… Il m’a regardé avec un air qui voulait dire « Mon prof est fou » et puis, il a simplement souri en disant « Oui M’sieur, je vais faire attention« .

Mais quand je feuillète le Science et Vie de septembre 1983, Julien est toujours là, page 150.

Que faire pour Julien ?

Je vais aller me prendre une Mützig bien fraîche et écouter « Time Travelling blues » d’Orange Goblin et me dire que ça ira mieux hier.


Sauvetage de roussettes

La colonie de roussettes paillée de Kigali décline peu à peu. Le sauvetage de quelques individus permettra-t-il de prolonger sa survie ?

Depuis un peu plus d’un an, je suis de près la colonie de roussettes paillées de Kigali, Eidolon helvum. Personne n’a l’air de s’intéresser beaucoup à ces bestioles sauf quand il s’agit de faire des commentaires sur l’odeur de leurs déjections et sur le bruit que font leurs colonies – plusieurs milliers, 3315 au dernier comptage ! Oui, je les compte.

Repos diurne de Roussettes à Kigali dans un Figuier sycomore Eric Leeuwerck CC BY-NC

L’espèce, très répandue en Afrique, de l’Est à l’Ouest, est malheureusement (et aussi étonnant que cela puisse paraître) menacée ; voyez plutôt sur la liste rouge de l’IUCN. Du coup, mes petits comptages se révèlent être une sorte « d’assistance à espèce en danger », les roussettes sont mal-aimées à Kigali, elles sont chassées. Les arbres sur lesquels elles se réfugient sont coupés et si les arbres ne sont pas coupés, les boules de poils volantes sont enfumées. Le résultat est que leur population est en net déclin ; en mai 2017, j’avais compté aux alentours de 4600 roussettes sur leur site de repos diurne à Kigali contre 3315 au dernier comptage. De plus, régulièrement, des roussettes sont retrouvées mortes ou moribondes dans la ville, à Kiyovu principalement.

Rousette paillée agonisante à Kigali. Eric Leeuwerck CC BY-NC

 

Roussette paillée morte à Kigali. Sophie Dutry CC BY-NC

Je vous avoue ne pas être très enthousiaste à partager des photos de chauve-souris mortes. Malheureusement, c’est une réalité. Pourquoi s’en attrister ? Elles sont jolies, selon moi et très intelligentes : un véritable bijou évolutif ! Mais ces critères sont peut-être trop subjectifs. Bon, et avec ça : elles jouent un rôle clé dans les écosystèmes ! Voilà un argument en béton. Je m’explique. Ces bestioles sont frugivores et lors de leurs voyages journaliers entre leurs sites de repos diurne et leurs cantines nocturnes arborées pleine de fruits elles peuvent faire plusieurs dizaines de kilomètres ! Plusieurs dizaines de kilomètres pour disséminer des graines. Aussi, comme c’est une espèce migratoire, ces chauves-souris peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres avec leurs graines ! Oui, plusieurs centaines de kilomètres. En ce qui concerne le nombre de chauve-souris, elles peuvent migrer par groupes de plusieurs millions ! La migration la plus impressionnante d’Eidolon helvum se produit chaque années dans le parc National de Kasanka en Zambie :

Elles font le lien entre la savane et la forêt, en fonction de la disponibilité en fruits dans ces milieux.

Les roussettes paillées sont aussi des pollinisatrices lors de leurs visites nocturnes. Un végétal qui dépend d’elles est  l’arbre à Saucisses… Vous comprendrez pourquoi on appelle cet arbre « à saucisses » en regardant la photo :

Arbre à saucisses (Kigelia africana) Eric Leeuwerck CC BY-NC

Le Tulipier africain ou flamboyant aussi est pollinisé par la roussette, tout comme certaines autres roussettes pollinisent les baobabs, un lien écologique qui a mis plusieurs centaines de milliers d’années pour s’établir ! Cela nous rend nous, humains, tout petits.

Au Rwanda, leur rôle de dissémination des graines est d’une grande importance… Bon oui, ça paraît évident, mais ça l’est encore plus dans un certain contexte ; une grande partie de la flore du pays n’est pas indigène, l’agriculture de plus en plus intensive perturbe durablement les écosystème et diminue fortement la productivité des terres ; les roussettes paillées sont donc les gardiennes de la régénérations des forêts du pays et de ses écosystèmes.

Des amis, connaissant ma passion pour ces boules de poils volantes m’informent quand une Roussette est trouvée en mauvais état… Si j’en ai l’occasion, je vais la chercher et la pose tranquille dans un goyavier de mon jardin. Je la régale en fruits et en eau ; si elle mange et boit, c’est bon signe. Souvent, les chauve-souris tombées à terre se sont cognées en vol ou se sont bagarrées. Au sol, elles n’arrivent plus à reprendre leur envol, elles tentent de ramper jusqu’à un arbre. Par terre, elles sont exposées à une foule de danger et surtout, elles s’épuisent et se déshydratent. Un bon bout de mangue juteux et de l’eau donnée à la paille suffit à les requinquer, à l’ombre d’un arbre. A l’arrivée de la nuit, si son traitement a été effectif, elle repart. En quelques battements d’ailes elle met le cap sur une autre colline.

J’ai pu sauver deux roussettes femelles cette semaine. Allez, profitez donc d’un gif de la dernière petite rescapée :

Animated GIF

Elle est mignonne, non ?

Je me demande si ce n’est pas un peu dérisoire d’aller à la rescousse de deux-trois roussettes mal-aimées… Mais je me dis aussi que la mer est faite de gouttes, non ?

L’espoir, juste un peu d’espoir.

 

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Nu metal, optique d’Hubble et torture psychologique

Quel est le lien entre le télescope spatial Hubble, de la torture psychologique à Guantanamo, un vieux de 82 ans qui aime faire du karaoké dans des croisières de luxe et un groupe de nu metal ?

John Hetlinger a 82 ans lorsqu’il réalise une prestation pour le moins surprenante à « America’s got talent » en 2016 :

Quel plaisir de voir ce petit vieux perturber la bienséance de ce type de spectacle populaire avec son tube de nu metal favori.

Les têtes des juges, à savoir Mel B, Heidi Klum entre autres, sont impayables ! Howie Mandel s’est même levé pour applaudir.

Mais qui est John Hetlinger ? J’ai été surpris en apprenant que ce Monsieur est un scientifique, et pas des moindres !

  • Il était le « gestionnaire de programme » du COSTAR Instrument (COSTAR c’est « Corrective Optics Space Telescope Axial Replacement »), pour la réparation du télescope Hubble. En effet, les premières images de Hubble étaient très décevantes… Une opération exceptionnelle a été lancée par la NASA pour arranger ces problèmes optiques, Hetlinger était de la partie. COSTAR Instrument a été fixé en 1993 sur Hubble.
  • C’est Ball Aerospace & Technologies Corp. qui a conçu COSTAR, Hetlinger y a travaillé de 1980 à 2001, date de sa retraite.
  • A la fin des années 50, Hetlinger était pilote dans la Navy, au sein de laquelle il a réalisé une série de missions au Japon entre autres.

Alors voilà, je découvre ça et je me dis « waw » (avec un accent américain, histoire de faire « waw, you know, helloooow ! That guy screaming on that microphone ?! I mean, aerospace engineer ? Waw !« ).

Ah, et il a passé un bachelor en chimie aussi, avant d’être pilote dans la Navy.

Je me dis, « cool ce type ! Un fan de metal, scientifique de surcroît, qui a probablement suivi l’évolution du rock depuis Elvis et est resté accroché au genre ! »

Mais il y quand-même deux-trois petits détails qui ne collent pas…

  • Son pantalon remonté jusqu’au-dessus du nombril. Pas très rock ça. Bon, vous me direz que l’habit ne fait pas le moine, que la crête ne fait pas le keupon, que la gomina ne fait pas le rockabilly et que la longueur des cheveux ne fait pas le métalleux. Passons.
  • Hetlinger a commencé sa carrière de chanteur sur des croisières de luxe, dont il est très grand amateur et qu’il réalise régulièrement avec sa femme… Pas super rock’n’roll tout ça non plus ! Bon, soit… Mon hypothèse du rockeur invétéré tient de moins en moins la route.
  • De 1964 à 1968, après avoir quitté la Navy, Hetlinger entre au séminaire et obtient un Master de divinité, MDiv. Et ça, ça colle pas du tout avec ses représentations live avec le groupe Drowning Pool, le groupe auteur du succès du vieux Monsieur au show « America’s got Talent », pentacles en arrière plan de la scène :

Le groupe Drowning Pool a vraiment insisté pour avoir Hetlinger sur scène, et ils ont mis le paquet pour ça : « on va lui payer ses billets d’avion et ses bières ». Chose faite, Hetlinger est une star du nu metal en plus de youtube. Sympa comme attitude.

Hetlinger s’est visiblement mis au nu metal très récemment et ça, ça me taraude. Le nu metal est un sous-genre du metal, caractérisé par une fusion avec des sons tels que le hip-hop, le funk… Comment est-il rentré là-dedans ? Par exemple, je n’aurais jamais imaginé mes grands-parents se mettre à écouter « One » de Metallica pour évoquer leurs souvenirs de guerre et encore moins faire péter Limp Bizkit pour ambiancer leurs anniversaires de mariage : « Alright partner keep on rollin’ baby you know what time it is chocolate starfish keep on rollin’ baby move in, now move out hands up or hands down back up (…) »

Non.

En fait, si Hetlinger s’est mis à faire du karaoké sur du nu metal, c’est que ce sous-genre musical est très populaire aux Etats-Unis… Et en particulier « Bodies » de Drowning Pool, qui a connu un grand succès dès sa sortie en juin 2001. Ce qui m’a le plus interpellé c’est la polémique même du morceau : selon les propos de Mohamedou Slahi, ex-détenu mauritanien de Guatanamo, « Bodies » était utilisé dans le centre de détention lors des interrogatoires et comme moyen de torture psychologique : des chansons étaient diffusées à fond, en boucle dans les cellules pour empêcher les détenu de trouver le sommeil. « Mr X », un interrogateur désirant courageusement rester anonyme, relate les mêmes faits. En apprenant ça, certains groupes ont mené des actions en justice contre l’utilisation de leurs morceaux à Guantanamo : Rage Against the Machine, Nine Inch Nails, The Roots, et j’en passe. En cherchant à savoir si Drowning Pool a tenté la même action, je découvre que le groupe est allé carrément un faire un concert de soutient aux troupes yankees à Guantanamo même, là où la chanson a été utilisée comme torture psychologique !

« Bodies » est de surcroît devenue une chanson emblématique puisqu’elle s’est hissée au rang de « moto song », une chanson qui sert à la motivation des troupes à la bannière étoilée ; elle accompagne aussi certaines vidéos Youtube de propagande anti-talibans :

Voilà. Pour le mot de la fin, je ne pense pas que Hetlinger ait vraiment conscience de la portée de cette chanson, c’est un petit vieux qui a eu une vie bien remplie, très rangée aussi et qui maintenant, pour sa retraite, se permet quelques petites excentricités ; profitez un peu de le voir s’exciter sur Dragula de Rob Zombie, il avait 78 ans :

Rock.


Le patator de Julien

Le patator est un fusil DIY à air comprimé qui propulse des patates avec une force incroyable. La preuve en vidéo.

PATATOOOOOOR ! C’est le genre de mot qu’on a envie de gueuler. Lors de feu mes cours de techno, je faisais une activité qui consistait à faire réaliser aux élèves ce qu’ils avaient envie de réaliser. Il fallait pour cela produire un plan de l’invention, donner un mot d’explication sur le fonctionnement de l’engin, son but et citer quelques sources.

Julien, lui, il a fait un patator. Un pata-quoi ? Un patator.

Pour faire simple, un patator est un propulseur de pommes de terre à air comprimé. La patator de Julien fonctionnait tellement bien qu’on a transformé la classe de cours en salle de tir et le tableau en cible ; les patates propulsées ont été agrémentées de craies de couleurs afin de mieux voir les impacts.

Et pour faire encore plus simple, je vous propose de visionner la vidéo pour comprendre le fonctionnement du patator en pleine action :

Vous avez suivi ? On envoie de l’air avec une pompe à vélo dans un volume fermé ici, une bouteille en plastique. Cet air sous pression sera libéré brutalement à l’aide d’une valve qui mène vers un tuyau où l’on a coincé, préalablement, un morceau de patate ! Et PAF !

Suite au bruit provenant de mon local, Miss I., prof d’anglais, est venue voir et a demandé si il était possible de dégommer les pélicans qui nidifiaient dans les arbres de l’école à l’époque, elle trouvait « cool » de faire ça. Même si les crottes de pélicans ont une furieuse tendance à faire des cacas qui sentent le poisson pourri (ben oui quoi, ils mangent du poisson), j’ai été choqué que l’on fasse passer pour « cool » le dégommage d’animaux qui ont des difficultés pour trouver des sites de nidification.

Le patator peut être dangereux ! Il doit être rigoureusement construit selon un plan et son usage doit être récréatif et supervisé par un adulte responsable. Les cibles ne peuvent en aucun cas être vivantes (bon, des arbres à la limite, peuvent être utilisés comme cibles) !


Pour conclure ma crise éditoriale

Je continue à bloguer ou pas ? Je vais vous dire quoi… avec l’aide d’un condensé de vos commentaires, conseils et partages d’expériences

Bon voilà, il a pas un peu fini avec sa crise éditoriale de la dernière fois lui ? Il a fait son « Drama Queen » ? Hein ?

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Crédits : earlymanmovie.com/

D’abord, je dois vous remercier pour vos commentaires, messages mails et FB, conseils, soutien, témoignages, que ce soit dans les communautés de blogs scientifiques ou Mondoblog, vous êtes super les gens ! Ça a clairement cassé l’impression de solitude que j’avais pu ressentir sur le Net…

On partage un malaise

Au sujet de ma crise éditoriale, je me suis rendu compte, en lisant vos messages, que pas mal d’entre vous passaient par les même épreuves de doutes et de questionnement vis à vis du blogging…

« Mince, c’est incroyable comme ton billet me parle » explique Dieretou, « si ça peut te consoler ou te rassurer, je traverse la même crise, à quelques nuances près. Si tu veux, on crée le club des « blogueurs en crise anonymes » ? » Ok pour le club Dieretou ! A ce sujet, Micrologie a bien raison en disant que  « avec quelques lecteurs fidèles on a plus de rigolades qu’avec des milliers de clics anonymes (et parfois même pas « humains ») qui font monter les stats. Alors, oui, on monte un club quand tu veux, mais pour aller boire une mousse ! » Aaaaargh ! Comme j’aimerais boire une mousse ! Allez, je m’en ouvre une.

Je continue à citer Micrologie : « oui, quand on traîne trop dans les collectifs de bloggueurs on a parfois le sentiment d’être complètement à l’ouest… (pire, d’avoir pris un gros coup de vieux :), et face à la dictature de Google analytics et du nombre d’abonnés, « mais qu’est-ce que je fous là ? » »

Taupo témoigne aussi : « Hey! Comment je comprends ce que tu traverses! J’en suis au même point avec SSAFT. 4 mois que je n’ai pas blogué… Près d’un an sans rédaction régulière. Comme toi j’ai testé d’autres formats (la vidéo, l’orga d’évènement, les présentations, le livre, etc.) et aucun ne me convainc aussi bien que le blogging, mais le blogging a perdu sa saveur des premiers jours. C’est peut être un passage obligé pour tous les touche à tout. »

Oui, le blogging a perdu sa saveur des premiers jours… « Il faudrait pouvoir reprendre les choses depuis le début » écrit justement Micrologie, « mais cette fois comme un vrai choix (non une espèce de contingence, un concours de circonstances ou cet espoir non formulé qui nous fit démarrer le projet) : écrire, raconter des histoires et donner tout ça en pâture à qui le veut bien. »

Et Annalisa nous rejoint aussi sur ce point : « moi aussi je me décourage parfois, des heures et des heures à écrire, éditer publier, partager pour quelques centaine de lecteurs, alors que n’importe quel vidéaste dit une connerie et a 10000 followers 😞 ça veut pas dire qu’il y en a pas de bons hein« . C’est, encore une fois, pointer dans le mille cette histoire de « followers » sur certaines vidéos Youtube stupides. Je m’explique :  j’ai une fois regardé un tuto pour bien se couper la barbe sur Youtube (euh… oui, je regarde des tutos pour me couper la barbe. Alors quoi ? T’as un problème ?) et je suis tombé sur un youtubeur qui expliquait (et qui explique toujours d’ailleurs, tu verras, si tu cliques sur le petit rectangle au milieu de l’image, il va t’explique un truc. Ah ? Tu connais Youtube ? Pardon.) comment se couper la barbe mais sans se couper la barbe pour de vrai et le type se tape presque 800000 vues et 4000 likes ! Il mime aussi un shampoing de barbe. Extraordinaire, voyez plutôt :

Si Guy évoque cette période de doute comme un âge d’or du blogging, « c’est quand on en vient à bloguer sans trop savoir pourquoi, sans objectif précis. Sans pour autant perdre la qualité de son écriture (…) » d’autres parlent de la crise du blogging alors…

…Est-ce que c’est la crise du blogging ?

« Non, non » s’exclame Micrologie , »c’est pas la crise du tout, mais plutôt une reprise en main de la démarche. La promo ça saoule, c’est comme la com’ pour la com’, et le SEO est une prison. Ça oblige à des remaniements de textes, pas d’allitération, pas de jeux de mots, attention votre titre est trop court, attention il n’y a pas de liens internes qui font chier tout le monde, attention vous ne répétez pas 50 fois le même mot. On se demande si on peut encore écrire… et du coup, si on a vraiment envie de s’adapter à la fabrique… Quand on a explosé sa télé (avec une guitare hahaha), ce n’est certainement pas pour refaire aujourd’hui la même chose avec le net. »

Crédits : therecycler.com

« Mais je crois« , me dit Françoise , « que tu interroges surtout la question du plaisir qui ne se partage pas comme dans la « vraie » vie avec de « vrais » amis. Et pourtant, plus le monde réel ou virtuel cultive sa fascination des trous du C…, (…) plus j’ai besoin d’action, de rencontres, d’ailleurs, pour écrire, penser, danser avec ce cavalier fantôme qu’est le lecteur imaginaire pour qui j’ouvre les vannes de ma conscience. Alors on danse… »

Et c’est un problème similaire que soulève Constance : « je déplore comme toi le cloisonnement de la toile comparé à ses débuts, et toutes les frontières que nous, utilisateurs, subissons désormais dans nos usages au quotidien : je parle notamment des règles mises en place par les GAFAM qui régulent désormais l’archivage et l’apparence de tout le web. Mais je pense qu’il y a aussi de l’espoir (…) » Et cet espoir réside dans la diversité du web dit encore Constance !

De l’utilité du blogging

Alors donc, pourquoi blogueur ? L’énigmatique P.E.S.Y. écrit qu’ « il faut aimer ce qu’on fait et faire ce qu’on aime. Mais on ne peut pas se disperser. Il faut « vendre » – pour vivre – ce qu’on fait. Il est normal d’avoir des « crises de croissance ». (…) Être chercheur est mieux qu’être blogueur. Avec ça, arrangez vous. »

Taupo est plus concret, « j’essaie de me répéter quelque chose que je trouve important: la production, c’est bien, mais avant tout, c’est ce qu’on met dans sa propre caboche et celle des autres qui compte. Tant que tu arrives à trouver un moyen de faire ça, tu ne peux pas être sur la mauvaise piste ! Courage !  »

Tchakounté partage son expériences personnelle : « (…)  j’ai passé deux ans à réfléchir sur la méthode à adopter pour être utile à ma société. Ma communauté de handicapés a sérieusement besoin d’une visibilité. Quand je me suis rendu compte que l’écriture était une arme de combat pour me libérer des pressions sociales, j’ai alors opté, à la place d’un livre, pour le blog qui a l’avantage d’être lu par des millions de personnes. Mon objectif c’est de partager ma vision sur des questions existentielles, tout en alertant l’opinion (…). »

Une autre chose importante que souligne Ecclesiaste (binôme, check) c’est que « on ne voudrait surtout pas que tu arrêtes de continuer à nous raconter tes histoires… » Oui, des histoires ! Qui ont du sens pour nous et nos quelques lecteurs. Quelques lecteurs ? Oui, quelques lecteurs fidèles, des potes car la quantité n’est qu’illusion, l’interaction est réelle et authentique !

En fait, si les blogs ne reflètent pas la vie et qu’ils perdent de leur spontanéité (peu importe le nombre de clics), ils ne sont pas utiles, je pense. C’est le point de départ des blogs, non ? Raconter nos tranches de vie, des instantanés écrits à partager.

Au sujet de Facebook

Instantanés de vie. Les réseaux sociaux comme Facebook se sont appropriés la puissance et l’utilité des blogs pour les vandaliser et les dénuer de valeur. En tous les cas de valeurs humaines. Corinne me fait parvenir cet article : les réseaux sociaux sont-ils en train de mourir ? Lecture recommandée.

Constance précise : « lorsque tu parles de fatigue face aux réseaux sociaux, Facebook en particulier, je pense que beaucoup pensent la même chose que toi. La déconnexion est un mouvement qui se répand de plus en plus. Je ne crois pas personnellement, qu’elle s’oppose au fait de blogguer. Si tu te sens dépendant à ces réseaux, qu’ils nuisent à ta vie de famille, c’est peut être qu’il est temps de les quitter. Sans forcément quitter le blogging.  » Et là, j’ai une réponse concrète ! Il est possible de blogueur sans les réseaux sociaux !

Thierry explique : »de mon côté, j’en avais ras le bol d’avoir des lecteurs sur FB et pas de lecteurs sur mon blog. Alors, (…) j’ai décidé de me couper du plus chronophage des deux. Quand je dis chronophages, je ne veux pas dire que j’y passais plus de temps, mais que j’y perdais du temps…« 

La réponse : stop ou encore ?

Vous avez envie de savoir, n’est-ce pas ? Hein ? T’as envie de savoir, hein ?

Alors, elle est où la réponse ? « Dans ton cœur« , comme le suggèrent Sonia (qui me propose aussi ses services comme thérapeute… Quoi ? Être meilleure blogueuse de Côte d’Ivoire ne te suffit pas ?) et Corinne. Oui, c’est bien une question d’amour, « Il faut aimer ce qu’on fait et faire ce qu’on aime. (…) » dit P.E.S.Y.

Je vais vous la donner ma réponse. Mais d’abord, je voudrais citer Micrologie (qui cite aussi) en se posant la question « Qu’est-ce qui compte vraiment ? Je me permettrais une citation du dernier livre du philosophe François Julien (…) : « c’est ce qui se passe « en interne », entre soi et l’œuvre, dans le huis-clos qui se referme alors, qui compte désormais. (…) La pensée de la première vie s’accordait un temps illimité, en même temps qu’elle était pressée de se fixer et de s’imposer ; la pensée de la seconde vie sait désormais que son temps est compté, en même temps qu’elle ne se met plus sous la pression de réussir. »

Et bim.

Donc voilà : j’ai décidé d’arrêter…

 dancing fun excited awesome great GIF
Crédits : giphy.com

…Facebook et aussi Twitter ! (mais pour ce dernier, ça ne va pas changer grand chose, je n’ai jamais vraiment compris ce truc). Je vais me donner une semaine pour arrêter Facebook, une semaine de traitement palliatif où je vais bombarder mes amis virtuels de photos et images étranges et qui reflètent ma perception de cette vie numérique, que je débusque en écumant le fond du Net 🙂

Crédits : oddee.com

Youtube ? je vais continuer à y mettre des vidéos en dilettante. Même si ça prend du temps, faire des vidéos c’est toujours un bon moment de rigolade !

Et le blog ?

Bon, eh bien…

 

[\begin emotion]{SUSPENSE}

 

…je continue.

 

[\end emotion]{SUSPENSE}

 

Mais c’est en grande partie grâce à vous. Je dois vous remercier. Vous m’avez aidé à distinguer le superficiel et l’essentiel dans le blogging.

Mais bon, ça ne sera pas sans efforts hein ! Je compte changer ma manière de blogger enfin, je veux dire que je veux revenir à quelque chose de plus spontané et authentique. Il va falloir que je me choisisse un nouveau papier peint, une nouvelle bannière et image de fond. Le concept Rock’n’Science va doucement s’effacer pour aller vers d’autres modèles d’expression… Sproutch Lagrenouille va plus souvent prendre la parole et digresser sur la science, sur ses réflexions, sur des questions de lecteurs, réflexions d’élèves, lectures d’articles, partager plus d’observations de nature… Vous en saurez un peu plus sur la personnalité de Sproutch Lagrenouille et la raison de son existence dans un petit temps.

Bon, voilà, j’ai fini ma mousse et, d’une certaine manière, je l’ai bue en votre compagnie !

Pour conclure, Simon a dit que « le fait que tu ai continué tout en étant père de famille montre que tu n’est pas un Mohican mais un véritable Jedi du blogging. (…)« . Ah ouais, ça me parle ça ! Et je me suis rendu compte qu’il y a plein de Jedi du blogging autour de moi ! Et il faut défendre nos blogs à nous, ceux qui parlent de nos vies, nos quotidiens, de nos rôles dans la société.

On a tous une histoire à raconter.

Merci.

Crédits : chilloutpoint.com


Je suis en pleine crise éditoriale

J’ai un grand besoin de me confier à vous : je suis en pleine crise éditoriale et pour un blogueur, ça revient à dire que je suis en pleine crise existentielle… Le billet sera long, je vous préviens et vous serez mes thérapeutes.

Alors voilà, je me confie à vous, je suis en pleine crise éditoriale… Je ne sais pas si je dois m’en étonner d’ailleurs, depuis le temps que je blogue ! Bon, je vous explique les raisons de ma crise éditoriale, mais d’abord, je vais faire un petit rappel de ma « carrière » de blogueur.

Ma « carrière » de blogueur

J’ouvre un blog en 2011, vaille que vaille sur WordPress, le profil de Sproutch La grenouille est créé. [Il fallait être courageux car à l’époque, heureusement que cela a changé (enfin, un peu), mais la connexion Internet était vraiment merdique à Kigali]. Le but premier était de présenter des manips faciles à réaliser avec les moyens du bord… Après quelques années en Afrique, même dans une école belge (plus internationale que belge en fait), il m’a fallu improviser plus d’une fois mes expériences et démos avec des bouts de ficelle, ça a souvent donné des manips très rock’n’roll ! D’où le concept de Rock’n’Science.

Une fois que j’ai commencé à accumuler les manips à moindre coûts, j’ai mis sur pied, avec l’aide de l’École Belge de Kigali, des formations en sciences expérimentales aux collègues d’écoles locales ; ce que je continue à faire, mais les sujets se sont diversifiés… Par exemple, je vais prochainement donner une formation sur l’enseignement de l’écologie à… une congrégation de bonnes soeurs, si c’est pas Rock’n’Roll ça ! La prochaine fois, je leur proposerai une formation sur l’évolution, promis ! Je partagerai les photos.

Donc, avec ces manips Rock’nRoll, est né le concept de Rock’n’Science! Yeah.

Deux ans après la création de mon blog, je rejoins le Café des Sciences, (c’est fort de science) LA plateforme des blogueurs de sciences francophones. Enfin, quand je dis blogueurs, il y a des vidéastes, des podcasteurs, des dessinateurs qui se retrouvent autour de la passion des science et de leur diffusion. Je suis extrêmement fier d’appartenir à cette joyeuse communauté qui a pris le parti d’une science qui touche tout le monde, sans jamais tomber dans les travers hermétiques, élitistes et rébarbatifs que l’on retrouve trop souvent dans ce domaine. Aussi, je suis très reconnaissant aux membres du Café des Sciences pour leur accueil, leur aide et écoute malgré le fait que je réside au Rwanda. On a même écrit un livre, avec tous les blogueurs : La science à contrepied ! Merci le Café des Sciences !

Au sein de toute cette émulation au Café des sciences, j’ouvre une chaîne Youtube, Sproutch Lagrenouille, mais vraiment sans prétentions je vous avoue, à part rigoler un peu plus. Je suis admis, à mon grand étonnement, dans les rangs de « vidéosciences » où je côtoie des mastodontes de la vidéo scientifique francophone ! Je m’y sens assez petit voir insignifiant mais… Merci Vidéosciences !

A la toute fin de l’année 2013, je suis admis comme blogueur sur la plateforme de l’Agence Science Presse. Là, c’est un autre type de structure. L’équipe de journalistes de l’Agence contrôle tous les billets de manière rigoureuse. J’y publie d’anciens billets et d’autres articles en parallèle sur le plateforme de l’Agence et sur mon blog. Une autre expérience aussi ! « L’Agence Science-Presse est un média indépendant, (…)  qui a pour mission d’alimenter les médias en nouvelles scientifiques. Elle est la seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s’adresse aux grands médias plutôt qu’aux entreprises » : peut-on lire sur leur site.

Pourquoi ? « Parce que tout le monde s’intéresse à la science » ;-). J’y rédige entre autres une série de billet pour faire découvrir les carrières de la science aux plus jeunes, « Pourquoi je suis devenu prof de sciences ? ». Là aussi, même si la révision des publication est centralisée, cela n’empêche pas une bonne communication, du temps investi par les responsables de l’agence, des conseils professionnels et un énorme enthousiasme et efficacité pour la diffusion des sciences auprès du grand public. Je suis également très fier d’appartenir à cette sympathique communauté ! Merci l’Agence Science Presse.

Appartenir au Café des Sciences et être blogueur à l’Agence Science Presse m’a donné pas mal de confiance en moi, en mes sujets, et ma manière de les traiter et mon écriture.

Mais avec tout ça, j’ai aussi un boulot et une famille… J’ai des passages à vide où j’écris moins, des moments où je suis inspiré, mais ne trouve pas le moment d’écrire. Je me fixe des objectifs, un rythme de publication et puis paf, ma fille ou mon fils attrape un rhume, une grippe une indigestion (et quand ils sont tout petits, on a l’impression que les enfants tombent tout le temps malades… C’est pour cette raison qu’on appelle ça la « crise immunitaire »… J’adore cette expression), quelques mauvaises nuits s’enchaînent et le blog, eh bien, il passe en bas de la liste des priorités.

Mondoblog et puis… passage à vide et crise « blogsistentielle »

Arrive 2014 et Mondoblog, la plateforme des blogueurs de Radio France Internationale. Un peu au hasard genre « pourquoi pas essayer », je décide de participer au concours de recrutement de nouveaux blogueurs et encore à ma grande surprise ma candidature est retenue pour une année test de blogging sur la plateforme. Je renonce donc à mon ancien blog et ouvre un blog chez Mondoblog. A partir de là, je dois produire du contenu valable pendant un an avec des conseils, des tutos et une super équipe de Mondoblogueurs !

S’ensuit une deuxième sélection pour les blogueurs les plus enthousiastes, réguliers et qui produisent des billets de qualité pour une formation fin 2015 à… Dakar ! Et je suis sélectionné ! Cette formation à Dakar, ça a été une superbe expérience. J’y ai rencontré plein de gens, renforcé mes compétences de blogueur et de rédacteur de contenu web, fait plein de copains, vidé des gazelles et senti appartenir à une véritable famille, unie par le même idéal de l’expression libre, sans contraintes, l’idéal du blog en fait. C’était justement la motivation qu’il me fallait pour continuer à bloguer. Merci Mondoblog.

Mais voilà qu’après la formation, j’ai eu un nouveau passage à vide. J’avoue que, pour être sélectionné pour la formation à Dakar j’ai pas mal investi de temps, je me suis fatigué et après la formation, je néglige un peu mon rythme de rédaction… En plus de cela, le fait d’avoir transféré mon blog de wordpress.com vers mondoblog.org a divisé de plus de moitié mon audience… C’est assez décourageant. J’avoue ne pas faire du blogging pour un max d’audience, évidemment, j’aime bien savoir être lu et donc, j’ai eu l’impression de devoir recommencer le plus difficile pour un blog : fidéliser une audience.

Bon, je ne me décourage pas et après quelques mois de flottement, je retapote du clavier, séduit par le dynamisme des lauréats de la formation 2016 de Mondoblog, le « Mondogang » et là, je me confronte à un nouveau problème : j’ai l’impression de faire le grand écart entre deux communautés de lecteurs : les scientifiques du Café des sciences et les Mondoblogueurs. En fait, au Café, j’écris au sein d’une communauté de fans de sciences et à Mondoblog, je suis le seul blogueur scientifique… Et donc, mes sujets ne plaisent pas toujours dans les deux communautés en même temps ! Par exemple, une manip, ça passe bien au Café, évidemment, mais ça passe inaperçu chez les Mondoblogueurs. Alors qu’une chronique ou un sujet d’actu, ça passe bien à Mondoblog, mais un peu moins au sein du Café…

Alors bon, j’écris quoi finalement ? Bon eh bien, je ne sais pas trop ce que je dois écrire. Vous me direz : « écris ce qui te plaît ! » Oui, « mais je ne peux pas écrire tout ce que je veux non-plus !« , je vous répondrai ! Mais oui, je voudrais revenir à une ligne de rédaction plus du style « blog des débuts« , avec ses tendances à la digression. Je suis un peu nostalgique de ma période WordPress.com, des blogueurs que j’y fréquentait, des histoires personnelles, sans prétentions, touchantes, drôles. Alors je me dis que j’aimerais en fait, écrire des chroniques, teintées de sciences bien-sûr puisque c’est ma formation, mon filtre pour voir le monde et l’analyser. Mais cette manière d’écrire, serait-elle assez rigoureuse pour mes compères blogueurs de sciences ? Et puis… et puis, l’idée m’est passée plusieurs fois par la tête mais…

…Et si j’arrêtais de bloguer ?

Eh bien oui ! Mais ne me jugez pas, ce n’est pas par lassitude, manque de courage mais plus dans l’esprit de « passer à autre chose ». Ça prend du temps de bloguer, ça ne me rapporte pas d’argent [(et je ne veux pas que ça m’en rapporte, c’est dans cet esprit de blogging que je m’aligne, (ouais, je suis un sacré Mohican)] :

Aussi ma vie et mes activités ont évolué : la vie de famille est très prenante et est devenue ma priorité principale (le boulot vient en seconde place) et en dehors de cela, mes activités scientifiques se sont tournées vers les sciences participatives. En ce qui concerne les expériences, je préfère les rédiger sur l’excellent blog collaboratif Kidi’Science. J’ai donc moins de manips et moins de choses à raconter autour d’elles et en plus, en consultant le net, les expériences à faire avec des moyens simples sont légions et très bien faites ! Est-ce que j’ai encore ma place au sein de tout cela ? J’ai eu ma période faste mais maintenant…

Voilà, je me sens dépassé et si je veux me remettre à niveau, je devrais investir plus, beaucoup plus de temps. C’est que le blogging est de moins en moins amateur… Enfin, je trouve. Ça se professionnalise, on ne peux plus se contenter d’écrire ce qu’on ressent, nos expériences, nos vies… Il faut bien calibrer les SEO, les mots clefs, son extrait de texte, et tout le bazar pour être en tête des requêtes Google…

La spontanéité laisse la place au calibrage d’audience. Vous me direz « mais c’est normal de bien calibrer le référencement de tes billets« , ce à quoi je réponds « oui mais je passe plus de temps qu’écrire mes billets à trouver mes mots-clefs, écrire un extrait sexy, trouver un titre encore plus sexy, me demander si je ne suis pas un peu trop putaclic, rendre mon titre moins sexy mais plus érotique, me flageller pour cause de putaclic et enfin me dire que je suis un Mohican du blog et que finalement, rien à foutre, je ne ferai que des SEO un tout petit peu sexy. » Ok. J’inspire, je bloque, j’expire doucement. Je recommence le cycle trois fois.

Et puis, il y a les réseaux sociaux. Ok. J’inspire, je bloque, j’expire doucement. Je recommence le cycle trois fois. Facebook pour moi, c’est devenu un peu un truc comme ça :

Feliks Tomasz Konczakowski art gif hot youtube GIF

Quand tu scrolles, tu as l’impression de contempler un immense trou de balle se dérouler à l’infini sous ton nez. C’est joli n’est-ce pas ? C’est de moi. Pas le gif, la phrase.

Voilà, à part ça, je n’ai pas grand chose à dire sur les réseaux sociaux. Sauf que J’ai essayé Twitter, mais j’accroche pas, cette histoire d’écrire des tweets super-courts, j’y arrive pas… En ce qui concerne Facebook, c’est plus compliqué à expliquer. Je dois l’avouer, je prends plaisir à voir passer les blagues, les nouvelles des amis. Ça me permet d’être au courant de plein de trucs mais ce geste, scroller, c’est vraiment vicieux. J’arrive pas à contrôler cette histoire et j’ai développé une sorte de dépendance à Facebook. Je tombe aussi, malgré moi et mes paramétrages sur des images, des séquences et des nouvelles que je ne tiens pas à voir… Pourquoi ne pas arrêter alors ? J’ai créé une fan page de Rock’n’Science, 415 abonnés.

C’est dans l’absolu pas énorme, mais ces abonnés, ce sont des anciens élèves, des amis, des collègues blogueurs et collègues profs… Encore une petite communauté sympathique ! Alors quoi, je les laisse ? J’admets que ça me ferait du bien de laisser Facebook… Je suis sûr que je pourrais vivre sans. J’ai vécu sans FB plusieurs décennies ! Mais le monde tournait autour d’autres choses aussi. Et voilà, bloguer, c’est se promouvoir et donc passer obligatoirement par les réseaux sociaux. Est-ce que je pourrais écrire mon blog en me passant de Facebook ? De Twitter ? Et de tous ces autres trucs nouveaux ? Oui ? Non ? Ou alors je suis totalement hors du temps… Je ne sais pas.

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Non, je ne sais pas

En fait oui, je sais. Je voudrais retrouver la notion du temps qui passe. Sentir que le temps passe.

L’Internet de maintenant, omniprésent et omnipotent accapare tous nos sens et nous donne sa conception du monde. Est-ce qu’il y a un espace pour mon modeste blog là-dedans ? Sûrement, oui, mais je ne sais pas où, ni comment… je voudrais juste écrire et ne pas me soucier du reste. C’est peut-être un peu trop utopique, non ?

Ok. J’inspire, je bloque, j’expire doucement. Je recommence le cycle trois fois.

Admettons que je continue à bloguer, je ferais quoi ? Des chroniques où je digresserais sur mes observations et mes impressions de naturaliste citoyen ? Je parlerais de mon quotidien de prof de sciences ? J’opte pour le putaclic, le fric, les flagellations auto-punitives parce qu’en fait, je suis un Mohican mais que je veux quand même gagner de l’argent avec des pubs pour des anti-virus et pour des filles ou des mecs qui ne vivent pas trop loin de chez mes lecteurs ?

Je ne sais pas… Ça me ferait de la peine de laisser mon blog… Six ans déjà… Mais quand-même, il faut savoir voir le changement et s’adapter, si on peut. Sinon, on est d’une autre époque.

Alors, je m’adapterais comment ?

Je m’adresse à vous, à toi, je sais que tu auras les mots justes et de bons conseils.

Merci.