Lagrenouille

Quand l’aile de la chauve-souris inspire le premier avion

Et hop ! Cela fait un peu plus d’un an que j’ai publié une nouvelle sur la source d’inspiration pour la conception du premier avion de Clément Ader : l’aile de la chauve-souris ! C’est la « Condamnation des rêveurs ».

J’espère que vous ne m’en voulez pas trop, mais je me suis replongé dans mes carnets, je remodèle ma bosse d’écrivain sur mon majeur droit et je me délecte des taches d’encre sur les doigts aux changements de cartouches. Je suis revenu à des expériences sensorielles de l’écriture plus basiques : l’odeur des pages et de l’encre, le scratch de la plume sur le papier, l’attente du séchage de l’encre avant de passer au paragraphe qui suit, et parfois, sans attendre, l’encre reste un peu sur la peau. Donc, je gribouille, les sourcils froncés. De ces gribouillis sont sorties les pages de la « Condamnation des rêveurs » disponible aux éditions Lamiroy, en version papier ou en version numérique, sur le site de l’éditeur ou ailleurs également.

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Mathilde était très intéressée à la découverte de ma modeste nouvelle, car, n’effectuant que des sauts de poule, elle désirerais malgré tout explorer le monde – je n’aurais pas dû lui parler de chicken run.

Un résumé de l’histoire ? Voici :

M’sieur Clément et ses acolytes ont mis au point un engin qui ressemble à une énorme chauve-souris, et ce truc vole ; c’est même le premier engin à moteur de l’Histoire à avoir quitté le plancher des vaches ! Pour m’sieur Clément, cette invention, ça aurait dû être le début de la gloire. Mais un créateur est également capable de destruction.

Bonne lecture ! Et à bientôt.

😘


Rattraper le temps perdu ?

C’est ma collègue qui m’a signalé que j’avais l’air d’être au bout de ma vie. C’était vrai, ça avait été une matinée à tenter de rattraper un peu de temps perdu à Bruxelles, où je suis de retour.

Crédits image : Eric Leeuwerck

C’était l’une de ces journées de fin d’été ou de début d’automne, je ne sais plus vraiment mais en tous les cas, le changement de saisons ne se faisait pas sentir et sur mon vélo, je commençais à percevoir de grosses gouttes de sueur dans le dos. J’ai rapidement déposé mon bicycle pour monter quatre à quatre les escaliers qui mènent à l’étage de chimie. C’est là que ma collègue m’a lancé :

– Ça va ? Tu as l’air au bout de ta vie…

Je lui ai répondu en une expiration essoufflée :

– Ah ? Oui, ça va, et toi ?

« Ça va, et toi… », pour essayer de faire semblant de rien, en sueur, rouge – très probablement, essoufflé et plus de quinze minutes en retard pour donner mon cours de chimie, à tenter de récupérer les élèves qui essayaient de s’échapper par l’autre côté du pallier en criant « il est lààààà ! »

– Oui, ça va, me répond ma collègue, inquiète.

Accoudé à la rampe, mon souffle est revenu petit-à-petit, les élèves en cavale aussi, penauds. Et nous sommes enfin rentrés dans le local de chimie.

C’est vrai que cette matinée n’a pas été de tout repos. On a d’abord été déposer les enfants à l’école mais ça, ça a été. C’est au moment d’aller m’essayer une veste de pluie au centre-ville avec ma compagne que ça a commencé à devenir compliqué. Tout est venu assez progressivement jusqu’à arriver au sommet de cet escalier, à reprendre mon souffle.

J’avais besoin d’une veste cirée pour rouler en vélo sous la pluie. La veste était bien et pas trop chère mais, même une taille au-dessus, mes poignets sortaient des manches. J’ai même fait des sortes de flexions pour en être sûr où j’ai manqué de casser le nez d’une cliente du magasin qui s’est mise à broebeller une injure derrière son masque. Il faut dire que j’ai des bras disproportionnés, mes mains m’arrivent presque à mes rotules en position debout et quand je remue dans une veste à l’essai au milieu des rayons – car je n’estimais pas avoir le temps de le faire en cabine – on pourrait facilement me confondre avec un bonobo venant de se défaire les attaches des manches de sa camisole de force.

Enfin, soit, je n’ai pas acheté la veste, même si la couleur m’allait à ravir. J’ai surtout réussi à ne rien casser dans le magasin.

On s’est alors dit avec ma compagne qu’on irait bien boire un petit café et manger un petit croissant. J’ai récupéré mon vélo que j’avais enroulé dans une longue chaîne de cadenas sans vraiment l’accrocher à rien en fait, qui voudrait voler mon vieux vélo retapé à la hâte pour les déplacements en ville ? Mais quand-même, c’est un Motobecane club, il est joli, bleu avec des gardes-boue chromé et les changements de vitesses sont des manettes placées sur le jeu de direction. Enfin, soit.

On s’est mis à l’aise en bordure du piétonnier à regarder les badauds masqués, il me semble même qu’un type avait placé un masque sur la gueule de son chien. On a alors discuté de choses importantes avec ma compagne, de comment se sentent les enfants dans leur nouvelle école – qui n’est pas une gentille école de Bisounours comme à Kigali – des travaux qui nous restent à faire, le moral de mon père, des souvenirs, de retrouver Bruxelles après toutes ces années, si je pense encore souvent à ma mère. Mais alors qu’on s’est enfin décidés à siroter nos cafés du bout des lèvres – auriculaire en l’air, je suis pris d’un doute et me demande si je ne me suis pas trompé en consultant mon horaire ce matin… C’était le cas, ce qui m’a fait le même effet que si j’avais été propulsé d’une heure dans le futur sans en avoir été averti. Et tout s’est accéléré, j’ai englouti le reste de café et bu mon croissant, ou peut-être le contraire, fait un bisou à ma compagne, enfourché mon vélo comme un cow-boy et je suis parti en moulinant très vite, fait demi-tour, revenu vers ma femme, descendu de mon vélo, attrapé mon sac à dos que j’avais oublié sous ma chaise, fait un bisou à ma compagne, enfourché mon vélo comme un cow-boy et je suis reparti en moulinant très vite, j’ai changé de vitesse en abaissant la manette sur le tube de direction et pédalé enfin pour de vrai en roulant des épaules.

Et vu que j’étais au centre ville, je me suis dit que ce ne serait pas mal de passer par la Grand-Place. J’y ai roulé à toute vitesse, tremblotant de la course sur les pavés, la tête en l’air pour essayer de fixer le dragon qui agonise au sommet de la flèche de l’Hôtel de Ville et, même s’il y avait peu de monde sur la Grand-Place, rouler la tête en l’air quand on est en retard n’est pas une bonne idée et si une dame ne s’était pas mise à signaler sa présence à coup de cris, je lui serais très certainement rentré dedans. Je me dis que j’aurais peut-être le temps de vite passer devant Manneken-Pis si ce n’était que je me suis fait arrêter à un coin de rue par des types en embuscade. Le premier, à la coupe de cheveux bien faite, tenait un micro et m’a dit en fransquillonnant – c’est à dire que vous devez devez rajouter « un » avant chaque ponctuation dans les phrases suivantes :

– Monsieur ! Nous sommes de TF1, vous avez quelques minutes pour nous ? (La phrase franquillonnée donne ceci : – Monsieurun ! Nous sommes de TF1un, vous avec quelques minutes pour nousun ?)

– Euh…

– D’accord ! Nous voudrions vous poser quelques questions sur la décision du gouvernement belge d’assouplir ses mesures sanitaires, en particulier en ce qui concerne le port du masque, blablabla. (La phrase franquillonnée donne ceci : – D’accordun ! Nous voudrions vous poser quelques questions sur la décision du gouvernement belge d’assouplir ses mesures sanitairesun, en particulier en ce qui concerne le port du masqueun, blablablaun.)

J’ai entrepris, essoufflé, une réponse tout en laissant mon regard passer de la caméra d’un autre type de l’équipe de terrain de TF1, vers la coupe de cheveux du journaliste, à un autre mec, visiblement avec eux aussi qui se roulait presque par terre avec une Go-Pro au bout d’une tige traquant les prises de vue pittoresques du centre de Bruxelles : des jantes de voitures, des semelles et les roues de mon vélo. Je me suis aussi fait une une rapide réflexion sur la similitude entre la coupe de cheveux du journaliste et le mousse de son micro.

– Euh, ouais, euh, alors, je pense que oui, hein ?

Pendant que je tentais de formuler quelque chose de cohérent et de sensé, le gars à la Go-Pro s’est presque couché par terre alors que le gars au micro hochait la tête en clignant doucement les yeux, ce qui lui donnait une certaine expression condescendante à mon égard. J’ai poursuivi.

– C’est effectivement une sorte de soulagement, ouiiiiiiiiii, sommes-nous à la fin ? Est-ce un signe que nos efforts ont été utiles ? Probablement, mais ce n’est pas sûr… Mais moi, ça ne change rien, je suis enseignant, voyez-vous ? Alors le masque, ça ne changera pas pour moi, je devrai quand-même continuer à le porter, et puis les élèves aussi, c’est surtout contraignant pour eux, les élèves, les jeunes, vous voyez ? Oui ? Vous voyez ? Alors, le masque c’est quand-même toute la journée, alors, voilàààààààààà.

J’ai conclu avec des trucs du genre « responsabilité collective », ou encore « l’autoritarisme », la « responsabilisation » et j’ai même envoyé du « tout un chacun ».

« Tout un chacun », pffffff.

– Aaaaaaaaaaaaaaallez ! Me lance alors le journaliste dont la coupe de cheveux pouvait vraiment se confondre avec son micro – j’en étais à présent convaincu ; merci beaucoup et bonne journée Monsieur ! (La phrase franquillonnée donne ceci : Aaaaaaaaaaaaaaalléun ! merci beaucoup et bonne journée Monsieurun !)

– Meeeeeeeeerci et à vous aussi Monsieur !

Et cette interview s’est terminée comme si j’avais été m’acheter quelques tranches de jambon cuit. Et moi, je n’avais plus le temps de passer voir le petit Julien. J’ai remis mes pieds aux étriers en jouant du mollet et je me suis vite retrouvé à la fin de mon ascension des Marolles, sous le Palais de Justice. J’ai repris mon souffle en roulant sur le plat qui mène vers le rond-point Louise en me disant que j’ai été con d’accepter une interview de TF1, que si mes potes me voient sur cette chaîne, ils vont bien se moquer de moi. Je me suis d’un coup fait sortir de mes pensées par une voiture qui a essayé de m’éjecter du rond-point Louise, il m’a klaxonné dessus rageusement, mais moi, ma sortie, elle était plus loin, alors, je lui ai fais signe de la main de se calmer, assez gentiment je trouve mais il a continué de klaxonner, et alors que je passais devant lui, il avait déjà baissé sa vitre pour me gueuler « va te faire foutre avec ta main ! » Il a donné un coup d’accélérateur en faisant vrombir son moteur de merde – là, je commençais à m’énerver – passe dangereusement juste derrière moi ce que j’ai gratifié d’un vociférant « connard » et d’un doigt d’honneur fièrement dressé dans les airs – et c’est là que je vous rappelle mes longs bras et mes allures de bonobo, mais à vélo. La voiture s’est arrêtée en crissant des pneus, j’ai courageusement donné un bon coup de pédale, j’ai actionné la manette pour changer de pignon et filer au plus vite et clac ! Le câble du changement du dérailleur a pété. Désormais branché par défaut sur le petit pignon, en pleine fuite, j’ai réussi à sentir le moindre petit muscle de mes cuisses dans l’effort. Heureusement pour moi, le gars en voiture était finalement parti intimider d’autres usagers faibles au carrefour suivant. Moi, j’avançais à grand-peine, je sentais la sueur perler dans mon dos, sur mon front, partout en fait. L’heure m’a rappelé que je n’aurais pas été en retard si seulement… si seulement j’avais essayé de rattraper le temps perdu.

Mes pensées étaient surtout occupées par le « va te faire foutre avec ta main » : mais comment est-ce techniquement possible ? Ça me perturbait.

Crédits image : Eric Leeuwerck

J’ai réussi à arriver, pas à l’heure, j’ai juste réussi à arriver à mon école : les escaliers, les élèves qui filent et ma collègue face au bout de ma vie.

– Ah ? Oui, ça va, et toi ?

Je dois avouer avoir de la chance avec mes nouveaux collègues, ils sont chouettes. Je bosse maintenant dans une immense école du sud de Bruxelles au-delà du Bois de la Cambre, le genre d’école où on parle plein de langues différentes et où, une fois, on m’a dit « oh ? so you are native ? » quand j’avais expliqué à une collègue que j’étais bruxellois.

– Alors M’sieur ? Pourquoi vous êtes en retard ?

Évidemment, rentrés en classe, les élèves n’allaient pas d’abord prendre leur cours de chimie impatients d’en savoir plus sur la classification périodique des éléments. Je leur ai jeté en pâture un récit vite bouclé : TF1, veste aux manches trop courtes, insultes très techniques d’automobilistes odieux ; ils avaient l’air satisfaits, sauf pour cette histoire d’interview.

– Alors comme ça vous me prenez pour un mytho ?

– Oui Monsieur !

– Alors regardez TF1 ce soir ! Et vous verrez alors si je suis un mytho !

– D’accord !

Et voilà que finalement, je préférais me faire railler par mes potes plutôt que de perdre la face devant mes élèves.

En début de soirée de cette même journée, on s’est retrouvé devant la télé avec mon père, sur TF1, « reportage en Belgique où notre équipe s’est rendue à Bruxelles » – prononcé [bʁyksɛːlœ̃].

– C’est maintenant que tu vas passer ? me demande mon père, inquiet.

– Oui, en théorie

Le reportage a commencé et le belge n’est visiblement pas content :

– On n’y comprend plus rien !

– Franchement ! C’est du foutage de gueule quoi !

– Moi, vous savez, je pense que c’est calculé, c’est voulu !

– (…)

Les interventions du bruxellois moyen sont vraiment relevées et, fin du reportage, merci à toute l’équipe qui a été sur place.

– C’est maintenant que tu vas passer ? me demande encore mon père.

– Non, c’est fini, le reportage est fini.

– Mais ? Tu n’es pas passé ?

– Non…

– Mais je croyais que tu allais passer, me répète mon père avant de reprendre une gorgée de sa bière.

– Eh bien non, je ne suis pas passé.

– Ah bon. Et tu n’es pas trop triste ?

Quelle drôle de question. Bien sûr que je n’étais pas trop triste, j’étais même soulagé. Je me disais avec un peu d’orgueil que mes réponses n’avaient pas été du niveau du téléspectateur moyen de TF1, que mes potes n’allaient pas se foutre de moi et que de toute façon, mes élèves ne se mettaient pas devant le JT de TF1 en soirée.

– Non, ça va, c’est pas grave.

Mon père, lui, je le sentais triste. Je l’observais du coin de l’œil, il reprenait une gorgée de bière, j’imaginais que son circuit de la récompense frustré demandait une goulée de son breuvage pour compenser sa déception de ne pas avoir vu son fils sur TF1.

Il y a quelques mois, mon père perdait sa compagne, sa femme, sa confidente, sa meilleure amie, ma mère ; il est inconsolable.

Est-ce qu’on se voyait, il y a un an, ma compagne, moi et mes enfants, de retour à Bruxelles ? Oui et non. On aurait pu continuer nos aventures en marge du monde autoproclamé « premier », on n’était pas mal à Kigali.

Mais le monde n’est désormais plus celui d’avant.

Crédits image : Eric Leeuwerck

L’enterrement de ma maman a eu lieu un matin, avant le premier confinement. Cancer fulgurant, on n’a rien vu venir. Et après, le monde a continué de s’effondrer, comme ça.

– Ça va aller ? j’avais demandé à mon père sur les marches de l’église du quartier de mon enfance.

– Oui, a-t-il simplement répondu, ça va aller.

On parlait déjà de ce truc étrange à Wuhan, des gens commençaient à s’exciter. Pour un début de scénario, c’était très mauvais : des animaux sauvages mangés dans un marché en Asie, des complots et des scientifiques fous tergiversaient sur des morts mystérieuses. Et surtout, ma planète allait se confiner.

Bien entendu que ça n’allait pas aller pour mon père. Alors, entre deux vagues, nous avons pris le retour pour la Belgique.

– T’es sûr que tu n’es pas trop triste ? m’a encore demandé mon père.

Même si le Rwanda nous manque, même si il n’y a pas de père parfait, de mère parfaite, et encore moins de fils parfait. Pourrait-on rattraper le temps perdu ? Éternelle question. Je regarde encore mon père. Il a les larmes aux yeux, encore. Je lui serre l’épaule.

– Non, ça va, ne t’en fais pas, je ne suis pas triste, c’est pas important

On est ensemble, c’est ce qui compte. On ne rattrapera pas le temps perdu, mais on est ensemble. Le présent comblera les vides du passé ; peut-être.

Et le futur ? Bah, il est bien assez capricieux pour qu’on lui prête trop d’attention.

Prenez soin de vous et de vos proches.


La « choupitude », une arme de manipulation massive

Comment changer l’image négative des chauves-souris dans la presse ? A l’aide de grands moyens : la science et la choupitude.

Les chauves-souris ont une très, très mauvaise image dans la presse : d’aspect répugnant, nocturnes et mystérieuses, elles sont en plus le réservoir de maladies hyper-dangereuses capables de stopper le monde entier, bouuuuh ! Haro sur les chauve-souris ! Euh, un instant, je vais relire le début de mon paragraphe… « (…) très mauvaise image dans la presse« … Hum. Image :

Une chauve-souris de la sous-famille des Desmodontinae, communément connues comme les « chauves-souris vampires » Source : http://ugly-animals.blogspot.com/

Vous pensez trouver cette image répugnante et vous vous dites, que c’est pour des raisons subjectives : je trouve ça moche et c’est tout, les goût et les couleurs ça ne se discute pas. Pourtant, ce n’est pas vraiment le cas, notre cerveau est bel et bien conditionné à trouver un animal « mignon », ou pas. J’en ai pour preuve que je sais que la majorité d’entre vous vont trouver la vidéo à la suite hyper-mignonne et même ressentir une sensation irrésistiblement agréable :

Moi, en tous les cas, je craque 😍 (Merci Clint pour le partage 😊)

Si vous avez effectivement craqué à la vue de cette chauve-souris, alors je vous annonce que votre cerveau vient d’être piraté. Oui, rien que ça. Je vous explique : l’être humain réagit de manière innée à trouver « mignon » tout ce qui ressemble à un bébé. Dans notre cerveau, le noyau accubens s’active en libérant de la dopamine, un neurotransmetteur qui engendre une sensation de plaisir, à la vue de ce que l’on juge « trop mimi » ou encore « 😍 » et ce, sans que l’on puisse le contrôler. Konrad Lorenz, un scientifique et éthologue autrichien (primé d’un Prix Nobel de médecine ou physiologie) a étudié la question et a même créé un mot pour définir l’ensemble des critères du « mimi », le « Kindchenschema » :

A gauche, les têtes dont les proportions donnent l’impression du « mignon ».
Source : http://www.ac-grenoble.fr

En plus du « Kindchenschema« , la vidéo de la chauve-souris présentée plus haut, chatouillée à l’envi, fait intervenir un autre phénomène, celui qui, selon les étude de Harry Harlow, nous pousserait nous, primates à chercher un contact doux et agréables et à trouver irrésistible une fourrure d’aspect doux et soyeux ; une conséquence de l’évolution du concept de « toilettage social« .

Maintenant que les bases théoriques sont posées, passons à la pratique et caressons-nous le noyau accubens avec des chauves-souris

Même si nous n’avons pas tous conscience de ces phénomènes qui nous conditionnent à juger de ce qui est mignon ou de ce qui ne l’est pas, la plupart des médias, surtout dans le contexte actuel, choisissent la position que les chauves-souris ne sont pas mignonnes… De plus, ça ne collerait pas avec l’actu, imaginez un peu « les chauves-souris sont des réservoirs de plein de maladies dégeu, mais sinon, ça va, les chauve-souris sont mignonnes« . (Ah ? Et le pangolin alors ? Oui, le pangolin a des écailles… Alors pour le côté « fluffy », c’est raté pour lui).

Pour changer l’image à diffuser des chauves-souris j’ai fait appel à mon élève de biologie de troisième secondaire, Jill Mai, dont j’ai pu découvrir les talents de dessinatrice lors des activités en ligne de ce confinement. Je lui ai alors demandé de dessiner des chauves-souris « en insistant bien sur leur regard curieux et vif, leur « choupitude » quoi ! » J’ai aussi insisté sur le fait que « le dessin a pour objectif de manipuler l’opinion des gens (rire machiavélique) au sujet des ces magnifiques mammifères volants. » Jill Mai n’a pas hésité un moment, je l’en remercie 😁, et nous voici prêts à diffuser la nouvelle image médiatique de ces chauves-souris, horriblement mignonnes, en utilisant les préceptes du « Kindchenschema » de Konrad Lorenz lui-même ; « Une tête relativement importante, un crâne disproportionné, de grands yeux situés bien au-dessous, le devant des joues fortement bombé, des membres épais et courts, une consistance ferme et élastique et des gestes gauches sont des caractères distinctifs essentiels du « mignon » et du « joli » que présentent, d’après les lois du phénomène de sommation des excitations, un petit enfant ou un « leurre » comme une poupée ou un animal en peluche. » Oui, un « leurre » ! Alors, prêts à vous faire pirater le cerveau ? C’est parti :

Même un vampire peut être "choupi" Crédits : Jill Mai Peeraer
Même un vampire peut être « choupi » Crédits : Jill Mai Peeraer
Irrésistible cette "choupitude" ! Crédits : Jill Mai Peeraer
Moooooooh ! Irrésistible cette « choupitude » ! Crédits : Jill Mai Peeraer
Et ce petit côté insolent, enfantin ? Trop "choupi" !! Crédits : Jill Mai Peeraer
Et ce petit côté taquin ? Trop « choupi » !! Crédits : Jill Mai Peeraer

La sensibilisation au sort des espèces semble tenir à peu de choses : leur image. A défaut d’avoir un bon impresario pour travailler son image auprès du public, la chauve-souris et son destin dans la biodiversité ne pourront compter que sur deux choses : notre sens de la « choupitude » mais surtout, notre esprit critique.


Chroniques de confinement : les chauves-souris de l’apocalypse

Où, sur un fond de Metallica rageur, je suis spectateur, malgré moi, des signes du massacre en huis-clos à Kigali d’une espèce menacée de chauve-souris à qui on attribue tous les maux et mots viraux de ce pauvre monde.

Le 14 avril au matin, je reçois un message vidéo affolé d’une collègue, avec ce commentaire : « oh nooooooooon ».

« Oh nooooooooooon » des chauves-souris.

Après la vision de la vidéo, j’aurais pu aller sur un tapis de yoga, sous le regard bienveillant de mère-nature dans l’ambiance gazouillante des petits oiseaux alors que le cricket, riait, et riait encore du chatouillis de l’herbe sous son exosquelette organique, me mettre en position du lotus, laisser défiler des images et des idées sans m’y attacher ; mais ce n’est pas mon genre et je vais tout de suite vous convier à la première minute et vingt-huitième seconde du morceau « Battery » de Metallica :

Gnaaaaaaa !

Ça va mieux. Maintenant, vous allez prendre une voix grave et dramatique dans votre tête pour lire la phrase suivante :

« Elles sont là, dans votre jardin, venues de l’enfer biologique, pour vous annoncer une apocalypse virale« .

Sur un autre groupe WhatsApp, le même genre de vidéos provenant du même quartier que ma collègue, Kiyovu, là où les roussettes paillées ont élu domicile depuis des décennies, ont commencé à apparaître avec des commentaires du genre « Qui veut un resto chinois ? » ou encore, plus subtil, parce qu’il y a une insinuation, « J’ai justement acheté de la sauce soja« . Ouais, super. Et puis, l’ultime question qui devait arriver est arrivée : « comment est-ce que je peux m’en débarrasser ?« .

A nouveau, j’aurais pu aller sur un tapis de yoga écraser sans le vouloir un cricket qui riait des chatouilles que l’herbe lui faisait sur son exosquelette alors que j’aurais été en position du lotus pour laisser défiler des images et des idées sans m’y attacher mais comme ce n’est pas mon genre je vous convie cette fois-ci à la troisième minute et seizième seconde du même morceau de Metallica :

Rhaaaaaaa !!!!!

Ça va à nouveau mieux.

Un mauvais pressentiment

Ces vidéos et ces questions, c’est simplement la concrétisation d’un mauvais pressentiment que j’ai eu au moment où on annonçait les premiers cas de Covid au Rwanda : ce confinement sera l’occasion de virer une fois pour toutes la colonie d’Eidolon helvum (le nom scientifique des roussettes paillées) de Kigali.

Il y a d’abord eu cette publication en décembre 2019 de NZIZA et al. (2019), « Coronaviruses Detected in Bats in Close Contact with Humans in Rwanda ». On peut y lire, dans la conclusion que « (…) les chauves-souris au Rwanda sont porteuses de coronavirus, certains nouveaux et d’autres déjà connus, une famille de virus qui ont provoqué des pandémies humaines. Cependant, les chauves-souris jouent un rôle écologique important et leur élimination en tant que mesure de contrôle de ces maladies est une méthode que n’est ni recommandée ni garantie« . Néanmoins, en cas de crise sanitaire liée à un coronavirus par exemple, qu’est-ce qu’on va retenir de cette publication ? Que les chauves-souris sont gentilles avec l’environnement, qu’elles jouent un rôle clé dans la dissémination des graines d’arbres, dans le maintient et la régénération des forêts ? Non, on retiendra que les chauves-souris sont un réservoir de maladies qui se trouve à proximité de groupes d’Humains.

Ensuite, il y a eu cette « public-notice-bats-and-diseases » publiée le 12 avril par le « Rwanda Development Board » mais dont la page s’est rapidement transformée en « not found ». C’est mauvais signe quand une page disparaît comme ça juste après sa publication. Et le 14 avril, ce que je craignais est arrivé : des nuées de chauves-souris sont observées au matin, et elles sont actives comme ça en journée seulement si elles sont dérangées… Un ami m’assure ensuite qu’il a vu un blindé de la police asperger un produit et le 15 avril, on ne les voyait plus, on ne les entendait plus. Je ne sais pas où elles sont allées…

Je suis la colonie de roussettes paillées de Kigali depuis 2016, je les ai comptées chaque mois pendant deux ans, j’ai déterminé les fruits qu’elles consommaient, les graines qu’elles disséminaient et là, avant le confinement, je collectais des données sur leur cycle de reproduction… Ces recherches indépendantes et bénévoles n’ont jamais été officiellement acceptées par les autorités, j’ai été l’objet d’intimidations et je me suis fait interdire de prendre en photo des chauve-souris. Mais j’ai continué à les étudier.

eidolon helvum Kigali
Roussettes paillées en plein vol à Kigali. Eric Leeuwerck CC NY-BC

La période des naissances

Ce n’est pas que je comptais sauver la colonie de Kigali, je savais le cas désespéré… Mon intention était de réaliser une étude de « sauvetage » d’informations sur ces bestioles car, en effet, à part relever leur existence, personne n’a étudié plus en détails le mode de vie d’E. helvum à Kigali. J’ai reçu le soutien de l’African Bat conservation, une association sud-africaine qui a accepté de publier, en juillet 2019, ma modeste étude « Monitoring, roost occupancy, and diet of the Straw-coloured Fruit Bat Eidolon helvum in Kigali, Rwanda« .

Depuis, je retourne les voir régulièrement, j’ai commencé à faire des observations assez intéressantes sur leur cycle reproducteur ; le volume testiculaire des mâles était assez important vers décembre 2019 et certains d’entre eux, en pleine érection, s’adonnaient même à des léchouillages des parties intimes, tous les indicateurs de la reproduction étaient là. Quelques semaines après ces observations, la colonie avait déserté Kigali, début janvier 2020 pour sa migration annuelle et j’espérais qu’à son retour, je puisse assister aux naissances comme j’en exprimais le souhait dans un billet précédent.

Et elles sont revenues début mars. J’étais évidemment en affaire. Alors que je prenais des photos, sous les arbres de la colonie, de petits yeux de têtes à l’envers me suivaient avec curiosité.

E. helvum, Kigali
Regards curieux de roussettes paillées. Eric Leeuwerck CC NY-BC

L’odeur sous les arbres est âcre quand on va rendre visite aux chauves-souris, l’ambiance de repos diurne est entrecoupées de cris et de disputes sur certaines branches alors que d’autres groupes sont plus calmes. Certaines roussettes nerveuses en me voyant approcher, collé au tronc de leurs arbres avec mon objectif, se laissent tomber de leurs branches et déployant leurs mains ailées jusqu’à obtenir assez de vitesse que pour prendre un vol gracieux. Ça a été l’occasion pour moi de prendre un précieux cliché :

Roussette pailée avec un nouveau né en plein vol.
Roussette paillée en plein vol avec un nouveau né à Kigali. Eric Leeuwerck CC NY-BC

J’ai été très ému en analysant la photo après coup en constatant que cette femelle avait un nouveau-né accroché sous son aile ! Le moment des naissances est une observation inédite à Kigali et, avec le soutien d’une bonne biblio, je suis arrivé à des conclusions intéressantes sur le cycle de vie de la colonie d’E. helvum à Kigali ; même si elles se trouvent au sud de l’Equateur biologique de la terre, elles semblent adopter — ATTENTION EXCLUSIVITE SUR CE BLOG — un rythme boréal… Enfin, soit, ce n’est pas l’objet de cet article, je vous expliquerai cela plus en détail dans un prochain post.

Quoi qu’il en soit, un départ forcé, à coups de produits chimiques en pleine période des naissances sera certainement fatal à la colonie de roussettes de Kigali.

Réservoir ou vecteur ?

Suite aux observations des chauves-souris affolées du 14 avril, j’ai pu lire sur un groupe WhatsApp « Attention que les chauves-souris sont un des vecteurs du coronavirus« , ce savant commentaire a été renchéri par « Et vecteur pour Ebola aussi« . Mouais…

Oui, les roussettes sont le réservoir d’une quantité impressionnante de maladies, mais elles en sont, avant tout, le réservoir et beaucoup moins le vecteur ; le principal vecteur de ces maladies, c’est bien l’humain. Pour mieux illustrer les concepts de réservoir et de vecteur, on peut prendre l’exemple de la malaria, où le moustique anophèle est le vecteur de la maladie, puisque c’est cet insecte qui transporte le plasmodium d’un humain à l’autre et, toujours dans le cas de la malaria, c’est l’humain, le réservoir de la maladie. Le moustique, qui ne vit que quelques jours, se contamine après avoir piqué un humain malade.

Prenons un autre exemple, un virus cette fois-ci, Ebola. Il y a un réservoir naturel de ce virus qui est pointé du doigts par des études : les chauve-souris et Eidolon helvum en particulier. Cependant les chauves-souris ne contaminent pas activement les humains, elles ne se ruent pas sur nous pour nous mordre ou nous cracher dessus ou je ne sais quoi d’autre, ce ne sont donc pas les principaux vecteurs d’Ebola. Qui sont les vecteurs dans ce cas ? Les humains. La question est alors de savoir, comment la maladie est passée de son réservoir naturel à la population humaine ? C’est la qu’interviennent la destruction des écosystèmes, la destruction des habitats naturels, l’affaiblissement des communautés vivantes qui augmente leur sensibilités aux maladies, le trafic des animaux sauvages, leur chasse, leur consommation, le contact entre espèces sauvages et espèces domestiques…

On peut évidemment accuser le pangolin ou la chauve-souris, mais c’est avant tout la manière dont on se relationne avec la nature, les écosystèmes et les animaux qui est malsaine et qui est source de maladies. Bien sûr, les pandémies ne sont pas évitables à 100%, mais il est avant tout évident que des virus tels que l’Ebola, le VIH ou le Covid-19 ne seraient jamais sortis de leur boîte de Pandore avec une telle intensité sans la participation des humains ; cette capsule du journal « Le Monde » l’explique remarquablement bien.

Des arbres, pas un golf

Est-ce que j’ai le droit de critiquer l’anéantissement pur et simple de la colonie de roussettes paillées de Kigali ? Oui, bien sûr. L’urbanisation galopante n’est pas une excuse, toutes les collines de Kigali ne seront pas recouvertes de béton et un reboisement judicieux de zones spécifiques pourrait offrir un abris pour les roussettes, ce qui permettrait à la colonie d’être saine et d’être plus résiliente face aux maladies dont elle pourrait être le réservoir. Mais au lieu d’un espace boisé, on a droit à un foutu golf, qui, de surcroit passe actuellement de neuf à dix-huit trous. Pour le moment, ça ressemble à ça :

Le golf de Kigali passe de 9 à 18 trous. Source : golfcoursearchitecture.net

Un golf, c’est un désert biologique aux espèces aussi variées que des trous, du gazon, quelques arbres épars qui doivent être ornementaux et des golfeurs.

Éliminer les roussettes de Kigali, c’est jouer au tire-pipe et de plus, sans vraiment résoudre de problème ça en crée d’autres.

Les pluies d’avril qui ont eu du mal à venir, sont à présent là, intenses. Il a plu toute la nuit et toute la journée, il y a des inondations, les terres arables en flanc de colline sont érodées, des routes sont bloquées. Il y a le dérèglement climatique qui provoque ces pluie plus concentrées et plus intenses mais un couvert forestier stable permettrait d’en atténuer les effets. Et les arbres, c’est ce qui manque au Rwanda… Un ambitieux programme de reboisement est en cours dans le pays mais c’est loin d’être facile, il y a les défis technique, il faut convaincre les paysans qu’un système d’agroforesterie serait bénéfique et puis, des forêts, ça ne se régénère pas comme ça, il faut compter sur des espèces-clés, et je suis sûr que vous en avez au moins une en tête.


Chronique de confinement : le risque sécuritaire

Je sors de ma torpeur après quatre semaines de confinements à Kigali pour partager avec vous la parano ambiante au sujet des risques sécuritaires et évoquer la problématique de l’auto-coupe de cheveux.

Rholalalalala… Mais quelle histoire.

Je ne sais pas par où commencer. Peut-être par ma tentative d’auto-coupe de cheveux qui ne pouvait qu’être la plus mauvaise idée de ces 4 semaines de confinement que ma femme hilare a promis de « rectifier » demain matin après un « mais qu’est-ce que tu as fait ! », que m’a fille m’ait affirmé « t’es moche papa » et que mon fils ait sorti ses yeux comme des billes de lotto en me voyant arriver, presque fier de mon exploit d’autonomie en faisant « voilààààààààààà ! », tondeuse encore chaude et vibrante à la main devant un nuage de poussière et de cheveux.

Non, je ne vais probablement pas commencer par ce fiasco.

Peut-être que je devrais commencer par les radis que j’ai repiqué en fin d’après-midi dans le potager. Parce que oui, je veux m’assurer que l’on puisse disposer de vitamines fraîches si les marchés venaient à fermer. Les marchés, celui de Nyarugenge ou de Nyabugogo, où on a nos habitudes, ce tumulte, ce bruit, cette vie, ces altercations, ces contacts, ces odeurs, ces rires… On ne peut quand-même pas confiner une population qui vit au jour le jour ? Et chaque soir, on attend que le rapport officiel tombe sur plusieurs réseaux sociaux de manière simultanée, chacun pensant poster la nouvelle avant les autres mais à la fin, on n’a quand-même qu’un seul téléscripteur : « Republic of Rwanda, Ministry of health ; update on COVID-19 Coronavirus – 13 April 2020 ; 1 new coronavirus case was identified today (…)« .

Il y a quelques semaines, notre directeur ainsi que des collègues ont foutu le camp avec le « dernier » avion vers la Belgique à l’annonce du confinement imminent au Rwanda, on pouvait entendre des personnes dire « il y a un risque sécuritaire, quand les gens n’auront plus rien, ils vont s’en prendre aux riches et aux expats ; d’ailleurs, quand mon mari est allé faire son VTT, les gens, au lieu de lui dire « Muzungu » comme ils lui disent d’habitude, ils lui ont dit « koronavirusi » et on connaît même des gens à Gisenyi qui se sont fait jeter des pierres parce qu’en les voyant, les gens ont eu peur du coronavirus. » Bah oui, bon. Un avion militaire est venu une ou deux semaines plus tard, chercher ceux qui avaient hésité à partir avant mais qui se sont dit que ce serait quand-même mieux de revenir en Belgique et qu’ici, c’était trop risqué. Pour la petite histoire, l’avion a été retardé à son escale à Bujumbura où des binationaux ont été empêchés de quitter le territoire burundais… Sombre histoire.

Nous, on a décidé de rester. Le risque ? Il y a toujours un risque. On peut se faire renverser demain par une voiture (enfin, le risque est moins élevé en période de confinement), choper la malaria ou manger un œuf avarié. Il peut y avoir un risque sécuritaire aussi. Alors voilà, on ne peut pas sortir de nos collines, mais on peut circuler dans nos quartiers, les magasins de première nécessité sont toujours ouverts, et j’ai été rassuré de constater qu’on incluait dans la terminologie de « première nécessité » le boui-boui de la dame qui vend les casiers de bière ; il est toujours ouvert mais avec des marquages peints en blanc au sol dans le cas où on devrait faire la file pour acheter sa mousse, avec un vélo qui repose contre le mur de l’échoppe, prêt à décoller avec trois casiers sur le porte-bagages, un rouge, deux bleus.

Marquages au sol devant un magasin de denrées de première nécessité à Kigali. Crédits : Eric Leeuwerck CC NY-BC

En allant acheter des œufs en face, les vendeurs étaient contents de me voir, je n’étais plus passé depuis un petit temps, je vous explique pourquoi ; en plus de vendre de très bons œufs, cette petite échoppe de mon quartier vendait des alcools forts, des trucs du style « Kanyongi », une petite bouteille d’alcool qui fait mal à la tête (quand on la boit, mais surement autant que lorsqu’on on se tape la tête avec) et qui peut se dissimuler dans une poche avec, sur l’étiquette, un dessin assez naïf d’un gymnaste en marcel qui bande ses biceps. A part ces alcools frelatés, on pouvait acheter et consommer sur place divers urgwargwa (des bières de banane) et donc, quand je me pointais dans l’échoppe en quête d’albumine locale, les soulards et soulardes se mettaient à me regarder fixement avec leurs yeux vitreux et venaient me saluer de leur main moite en bavant une sorte de « eeeeeeh ! Muzungu… Bite ? (eeeeeh ! Le Décoloré, ça va ?) », et ils ne me lâchaient pas la main, ce qui était assez embêtant pour prendre correctement mes œufs. Ce qui me sauvait parfois, c’était une sorte de machine à sous, dans une pièce à l’arrière du magasin qui prenait l’air de se réveiller toutes le cinq minutes en émettant une étrange lumière rosâtre et une mélodie en chinois, ça attirait les poivrots comme un cerveau frais aurait attiré quelques zombies épars. Enfin bref, j’avais opté depuis quelques mois à acheter mes œufs chez un autre vendeur plus sobre. Cependant, cette fois-ci, confinement oblige, j’étais dans l’obligation d’opter pour le vendeur le plus proche et surprise, plus de soulards et même plus une seule bouteille d’alcool douteux sur les étalages, à part une cannette de Bavaria 0,00 %. Et des sourires. J’ai lancé « Mwaramutsé ! » après m’être lavé les mains à un dispositif ingénieux de robinet d’eau actionné par une pédale fixée à un gros bidon d’eau.

Les mesures de distanciation sont respectées, et cette possibilité de circuler plus ou moins librement dans notre collines évitera, sans aucun doute que les gens pètent un câble. Cependant, on est quand-même fort contrôlés, la police est partout, distribue des amendes, refoule les voitures et les gens et il y a même des emprisonnements. La semaine passée, un drone est passé au-dessus de chez nous, un haut parleur y était fixé et diffusait des messages en Kinyarwanda, des actualités mais surtout des informations sur le confinement, il me semble, je ne sais pas si il y avait une caméra fixée aussi ; la « Rwanda National Police » a communiqué à ce sujet :

Avis de la Rwanda National Police au sujet de la mise en service de drones dans la lutte contre le COVID-19

Dans l’après-midi, je me suis rendu dans la clinique qui se trouve jusqu’à côté de chez moi, pour me faire traiter d’une maladie chronique, une hémochromatose héréditaire, je dois me faire une saignée, assez régulièrement. Je prends des nouvelles de l’infirmier et de sa famille confinée, il m’explique qu’il n’y a pas de problème, que ce sont ceux qui voyagent qui doivent se confiner, que le virus vient de l’extérieur et des étrangers. Il n’a pas tort, mais ça me met mal à l’aise quand-même. Si le virus arrive dans les collines, qu’il y a des contaminations endogènes, est-ce que le pays va tenir le coup ? Est-ce que les étrangers ne seront pas montrés du doigts comme responsables de la propagation de ce fléau dans les milles collines ?

« Republic of Rsanda, Ministry of health, Update on COVID-19 Coronavirus – 4 april 2020 ; 13 new coronaviruses cases were identified today, bringing the total to 102 ; 2 travellers who arrived from Dubai, 2 travellers who arrived from Turkey, 9 contacts of previously confirmed positive cases, who were identified through tracing (…). » Ce 13 avril au soir, 127 cas ont été recensés, tous ont un lien avec une personne ayant voyagé hors du Rwanda ; 42 ont récupéré de la maladie, personne n’est mort… J’espère en tous les cas que les chiffres seront toujours aussi positifs et j’avoue, que je préfère être confiné ici plutôt qu’en Belgique avec ses cafouillages face à la crise.

Le plus difficile, doit être, en cette période de Kwibuka, moment de souvenir pour les victimes du génocide de 1994, c’est de ne pas pouvoir se recueillir ensemble. Ce 7 avril, début du Kwibuka, les hauts fonctionnaires du gouvernement ont donné un mois de leur salaire pour aider les plus nécessiteux. J’imagine que tous ces fonctionnaires n’ont pas effectué ce don de gaité de cœur mais cela a été fait dans le cadre d’un effort collectif, pour éviter justement qu’un problème sécuritaire ne vienne se superposer à cette menace de virus. Mais la clé de tout, ici, c’est la notion d’effort collectif ; même confinés, « turikumwe », nous sommes ensemble.


La fellation chez les chauves-souris

Les chauves-souris sont des coquines, mais pas que pour le plaisir ! La pratique de la fellation représenterait de nombreux avantages chez nos cousines ailées.

Voilà la couleur est annoncée, ce sera un article classe, mais pas moins intéressant ! Je vous explique le contexte. Le 16 décembre 2019, je rends visite à la colonie de roussettes paillées (Eidolon helvum) de Kigali, que je suis depuis quelques années. Ces chauves-souris frugivores sont fascinantes à plus d’un titre mais ce qui attire mon attention cette fois-ci, c’est ceci :

Eidolon helvum, Kigali, 16/12/2019 (Eric Leeuwerck CC NY-BC)

Ah bah oui… Une auto-fellation. Ce genre de pratique n’est pas rare chez les animaux, elle permet de se nettoyer facilement le pénis (le côté pratique) sans en négliger l’agréable. Le pratique, c’est évidemment l’hygiène, pour le nettoyage en tant que tel mais la salive a aussi des propriétés antiseptiques tels que antivirales, antimycosique, antichlamydia et permet de prévenir la transmission de maladies sexuellement transmissibles.

Et l’agréable ? On sait que d’autres primates peuvent avoir des jeux et des pratiques sexuelles visant le plaisir, lors ou en dehors de la copulation, c’est le cas pour les bonobos juvéniles, qui pratiquent la fellation, homo et hétérosexuelle. Mais les chauves-souris le font aussi ! Cela a été découvert en 2009 par une équipe de chercheurs chinois de l’institut Guangdong d’Entomologie. L’équipe de chercheurs a observé le comportement nocturne de Cynopterus sphinx une espèce de chauve-souris frugivore et a mis en évidence cette pratique étonnante : lors du coït, la femelle qui est dos au mâle, se penche en avant pour léchouiller la base du pénis de son partenaire. Évidemment, il y a augmentation du plaisir et ça a comme conséquence que une seconde de fellation augmente le temps de copulation moyen de six secondes !

Fellatio by fruit bats prolongs copulation time. Tan et al, PlosOne, 2009

En dehors de la prolongation du temps de copulation, (ce qui faciliterait le transport du sperme du vagin vers l’oviducte), d’autres avantages pourraient être liés à cette pratique lors du rapport sexuel comme la lubrification, les propriétés antiseptiques de la salive, (…).

Et donc voilà. Vous voulez voir de quoi il s’agit ? Et bien voici les images issus de cette recherche, hummmmm ! :

Tan et al, 2009

Le petit groupe que j’observais avant leur migration annuelle (les roussettes sont parties vers la mi-janvier et devraient revenir entre carnaval et Pâques) semble être relativement jeune, comme en témoigne la pilosité du scrotum de ce jeune mâle :

Quelques mois plus tard (en janvier) elles ont clairement subi un petit changement !

J’attends leur retour avec impatience. Si elles reviennent… Oui, je dis ça car les roussettes ont mauvaise presse à Kigali, leurs sites de repos se font progressivement détruire et leur population est en net déclin depuis quelques années. Mais si elle reviennent, ce sera pour mettre bas aux alentours de juin, juillet ou août. J’espère pouvoir assister aux naissances ou du moins, observer quelques petits accrochés à leur maman.

A bientôt ! (je vous dis quoi ;-))

**//ERRATUM//**

Sur Facebook, Clint, un naturaliste avisé (que je vous recommande de suivre, il publie de chouettes trucs !) me signale que lors du coït de ces chauves-souris « il ne s’agit pas d’une fellation à proprement parler ( « fellare » signifie « sucer » en latin ) » Donc, on parlerait plutôt de sexe oral.

Clint poursuit ainsi : « C’est vrai que les Mégachiroptères ont longtemps été vus comme groupe-frère des Primates, dont ils partagent de nombreux traits anatomiques : deux mamelles pectorales ou, comme on le voit sur le cliché, pénis libre. Mais ces animaux sont fort différents de nous car leur trajectoire évolutive les a modifiés sévèrement au cours de quelque 50 millions d’années d’adaptation au vol ! En particulier le bassin est si étroit et réduit que les femelles ont rarement plus de deux jeunes… En fin de gestation, l’utérus sort de sa « prison osseuse »! Je propose, outre la compétition sexuelle dans un cadre polygyne, que le maintien de l’érection par stimulation orale compense la réduction probable de la musculature vaginale subséquente à un pelvis atrophié. »

En ce qui concerne la « fellation », l’article de recherche original de Tan et al. 2009 s’intitule « Fellatio by fruit bats prolongs copulation time« … d’où la confusion. Mais appelons un chat un chat 😉

Merci pour ces précisions !


Je vais me lancer des petites feuilles de papier autoadhésives amovibles

Les élèves ont eu l’idée de venir coller des petits mots à l’attention de leurs profs sur la porte de leurs locaux. L’occasion de me jeter quelques fleurs.

Petites feuilles de papier autoadhésives amovibles ? Oui bon, des Post-it quoi… Mais je ne tiens pas à faire de la pub même si je considère ces petits papiers autoadhésifs amovibles comme une révolution en termes d’organisation (depuis 1977 quand-même !)

Donc, où est-ce que je veux en venir avec ce titre intriguant ? Sur le simple fait que en cette fin d’année scolaire, les élèves ont eu l’idée de venir coller des petits mots à l’attention de leurs profs sur la porte de leurs locaux. Et j’en ai eu quelques-uns, l’occasion donc de me jeter des fleurs enfin, des petites feuilles de papier autoadhésives amovibles à la figure, ça fait toujours plaisir.

Quelques Post-it sur la porte de mon local :-). Merci !

Et, rapidement comme ça, voici quelques messages qui me sont destinés :

The craziest ❤️

Le plus cool ❤️

You are weird asf but I like you 🙂

Salut mec, je veux un 40/40 à l’examen, compris ? Vas-y, merci

No hay camino, el camino se hace al andar

J’ai enfin commencé à aimer la bio

Prof le plus chill et le plus passionné

Merci et bonne vacanse (sic)

Battez-vous pour le potager !

You’re a real one tho !

Vous êtes le prof le plus cool que j’ai jamais eu

Keep fighting for what you think is right !

J’espère un jour dynamiter votre labo (NB : merci)

Merci Monsieur ! On se réjouit de vous revoir l’année prochaine.

Bonjour Monsieur

On a trop hâte de vous revoir vous et Jean-Pierre (NB : J-P, c’est mon ami imaginaire)

Le tableau périodique, Merci Mrs (sic)

On apprend tout en s’amusant, vous êtes extra, trop drôle !

(…)

J’adore mon job, merci à vous !

Bonnes vacances et à l’année prochaine !


Est-ce que gagner beaucoup d’argent fait vraiment le bonheur ? Une étude s’est penchée sur la question

Bingo ! Trente quatre millions d’euros sont arrivés dans votre poche alors que vous avez eu la bonne idée de tenter votre chance à l’ « euromillions » la semaine passée. Alors, le bonheur est atteint ?

Les scientifiques se sont sérieusement penchés sur la question et sont arrivés à la conclusion qu’on est le moins heureux quand on a du mal à boucler ses fins de mois… Mouais, jusque là, rien d’exceptionnel. Cependant, l’étude réalisée par D.Kahneman et A Deaton de (Université de Princeton aux États-Unis) « High income improves evaluation of life but not emotional well-being » montre que les personnes ayant des revenus supérieurs à nonante mille dollars ne sont pas plus heureuses que celles qui ont des revenus de vingt mille dollars par an.

Comment évaluer son bonheur ?

Dead-Kennedys-Punk
Dead Kennedy’s. Source : deadkennedys.com

Les personnes interrogées lors de l’étude s’estiment globalement heureuses dans la vie. Mais lorsqu’on s’attache à des aspects plus particuliers de la vie, les réponses sont plus nuancées, pourquoi ? Car on ne sait pas évaluer objectivement le bonheur. L’étude démontre qu’un événement sans importance peut nous faire voir la vie en noir ; un mauvais horoscope le matin par exemple peut nous faire oublier qu’on avait été content la veille… Aussi, nos images du bonheur sont des stéréotypes de notre société : voiture rutilante, portable qui tient dans la poche, télévision à écran plat 45365 pouces, etc. et sont globalement des objectifs pas toujours réalisables et donc, sources de frustrations.

Un salaire élevé procure tout au plus de la satisfaction. De quoi avoir l’occasion de se livrer plus souvent aux joies du shopping, pour ceux qui aiment ça. Mais aussi, un revenu élevé rime avec stress et anxiété. Sans faire l’éloge de la paresse, l’étude met également en évidence que l’illusion du salaire élevé comme gage de bonheur incite trop de personnes à se sacrifier au travail et ça, c’est moins bon ! On passe à côté de choses essentielles, on…

…perd sa vie à la gagner

Tenter de gagner plus d’argent impose de nombreux sacrifices, le temps que l’on passe avec ses amis ou sa famille ainsi que les loisirs ne sont plus des priorités, alors que ce sont là les réels moments de bonheur dans la vie ! N’allez pas me dire le contraire 😉

Profitez de la vie, c’est MAINTENANT !

Alors, le morceau de musique recommandé pour la lecture de cet article : Yuppie Cadillac, des Melvins et Jello Biafra au micro ! (Ce qui fait les Jelvins, en fait…)


Des traces sur la plage révèlent qu’une chose terrible est en train de se passer

[Cliché en Nouvelle Pangée] Sur la plage, des traces, des grandes des petites, et des traces de pneus. L’Humain est là, en nouvelle Pangée.

traces plage
Pieds et pneus, traces d’Humains. CC E. Leeuwerck

En Nouvelle Pangée, sur une plage au Kenya à quelques heures en voiture au nord de Mombassa, un matin de janvier 2019, des traces : pneus de motocyclette et pieds humanoïdes.

Et même jusqu’à l’horizon des traces de pneus. Quelque chose de terrible est en train de se passer…

Traces sur la plage
CC. E. Leeuwerck

Il y a de cela plusieurs millions d’années, 3,5 millions environs pour être plus précis, les traces de trois supposés Australopithèques ont été laissées à un endroit que l’on appelle aujourd’hui Laetoli, dans le nord de la Tanzanie. Ce sont en tous les cas des traces bipèdes et ce qu’elles ont de remarquable, c’est que leur datation les fait remonter aux prémices de la bipédie chez nos ancêtres. Ils étaient trois, deux grands et un petit, probablement deux adultes et un enfant, ils marchaient certainement en groupe et le deuxième adulte essayait visiblement de marcher dans les traces du premier. Était-ce une famille ? Avaient-ils peurs ? L’enfant tenait-il la main d’un des adultes ? Est-ce que ça rassurait le deuxième adulte de marcher dans les traces de son compagnon ? Ou était-ce sa compagne ?

Ces anciennes marques de pied ont été laissées dans de la cendre volcanique humide. Les dangers étaient multiples pour cette petite troupe, des empreintes d’autres animaux ont été retrouvées tels que hyènes, lions, rhinos, dinofelis (un genre de tigre aux dents de sabre). En Nouvelle Pangée, les touristes viennent voir ces traces au milieu d’une plaine herbeuse où l’on a empoisonné les arbres dont les racines menaçaient de détruire les empreintes fossilisées, minéralisées. Mais à l’époque où les traces ont été laissées par trois individus supposés Australopithèques, on était loin de toute Pangée. Après leur passage, les marques ont été recouvertes à nouveau de cendres volcaniques, une couche de 30 centimètres qui a permis leur conservation, leur minéralisation et leur voyage dans le temps jusqu’à nos jours. Ces traces laissées par les contemporains de Lucy entre deux couches de cendres nous laissent supposer qu’ils fuyaient les fureurs de la nature. Sadiman, le volcan actuellement éteint au cœur du massif du Ngorongoro toise aujourd’hui les humains à 20 kilomètres de Laetoli ; c’est lui qui, il y a 3,5 millions d’années a craché sa rage géologique à la face des novateurs de la bipédie.

traces laetoli
Traces d’Anstrolpithèque à Laetoli, Tanzanie. CC Tim Evanson CC BY-SA (Flickr)

Et les traces, nos traces dans le sable, seront emportées à la prochaine marée dans les limbes de l’histoire de la vie sur terre. Les impressions de pneus ont été laissées par une mobylette, passée en trombe en transportant une jeune dame assise en amazone, au pagne chatoyant, hilare, agrippée à son compagnon au guidon, l’air heureux aussi ; ils étaient beaux de bonheur.

Ces empreintes éphémères sont témoins de deux choses terribles : que le bonheur est tout aussi éphémère que les traces sur le sable et de notre fuite face au danger, notre fuite en avant à l’apogée de l’anthropocène. Anthropocène ? L’Ère de l’Humain, un terme proposé pour caractériser l’époque de l’histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l’écosystème terrestre.

Nouvelle Pangée. Il y a 250 millions d’années, les surfaces immergées de la planète étaient réunies en un supercontinent, la Pangée. La tectonique des plaques a fracturé et séparé la Pangée en continents. Les segments à la dérive ont lentement développé des écosystèmes uniques avec leur propre biodiversité. Et puis, les humains ont commencé à se déplacer sur la planète. Les continents qui avaient été écologiquement isolés pendant des millions d’années sont reconnectés par les mouvements physiques des humains et ce qu’ils transportent : tout et rien. Le monde n’allait plus jamais être le même, connecté et affreusement uniforme. Bienvenus en Nouvelle Pangée.


Fabrique une chauve-souris à la maison !

Une expérience, toute simple, pour faire voler ta propre chauve-souris à la maison.

(Comme promis ;-))

Pour faire voler ta chauve-souris à la maison, tu as besoin :

  • d’une feuille de papier A4
  • d’un pic à brochette
  • d’une paire de ciseaux
  • d’un carton
  • d’un crayon ordinaire
  • de la colle à papier (facultatif)

Prend ta feuille A4 et réalise un premier pli de 2,5 cm de large. Répète le pli 7 fois et tu obtiendras une sorte d’ourlet de plis de papiers : c’est un profil d’aile.

CC : E. Leeuwerck

CC : E. Leeuwerck

CC : E. Leeuwerck

Plie le papier, l’ourlet vers le bas. Ensuite, plie tes ailes à environ 1 cm du pli du milieu de la feuille : oui, ce n’est pas facile à expliquer… Mais voici des photos :

CC : E. Leeuwerck

CC : E. Leeuwerck

CC : E. Leeuwerck

Après les pliages, tu dois avoir quelque chose qui ressemble à ça :
Sur l’une des ailes, place un carton découpé aux formes d’une aile de chauve-souris. Pour la découpe, tu peux t’inspirer du modèle ci-dessous :

CC : E. Leeuwerck

Les chauves-souris ont leurs ailes tendues par leurs 5 doigts. Le pouce est pointé vers l’avant et possède une griffe qui permet à l’animal de s’agripper. Les autres doigts allongés tendent la membrane de leur aile. Mais attention, leur index et leur majeur sont très proches lorsque l’aile est tendue, ce qui donne l’impression que l’aile n’est tendue que par 3 doigts au lieu de 4. La membrane est ensuite prolongée entre l’auriculaire (5ème doigt) et les jambes.

CC : aurythmedelavie.com

Histoire de faire le parallèle avec nos membres antérieurs à nous et mieux comprendre l’anatomie d’une aile de chauve-souris, voici le comparatif entre le bras étendu d’un primate bien connu (H. spaiens) et d’une chauve-souris :

CC : Arizona State University – Ask A Biologist

Trace le contour des ailes et découpe-les. Coupe les deux ailes en même temps, c’est mieux si c’est symétrique.

CC : E. Leeuwerck

CC : E. Leeuwerck

CC : E. Leeuwerck

Place, à l’intérieur des plis de l’avant de l’aile, une partie de pic à brochette. Tu pourras éventuellement le fixer avec de la colle à papier. Ce bout de bois pourra jouer le rôle de l’os du bras de la chauve-souris. Aussi, ça permettra de donner une belle forme profilée à ton mammifère volant en papier :

CC : E. Leeuwerck

CC : E. Leeuwerck

CC : E. Leeuwerck

CC : E. Leeuwerck

CC : E. Leeuwerck

Il ne reste plus qu’à décorer si tu veux. Attention, la peinture et le liquide des feutres risquent de déformer les ailes ! Personnellement, je trouve qu’elles volent beaucoup mieux sans peinture. Si tu as le souci du réalisme, tu peux toujours faire une chauve-souris avec du papier brun ou noir sans devoir passer à la peinture après.

CC : E. Leeuwerck

Maintenant, tu peux passer aux tests !

Bon vol ! Et ne faites pas trop peur aux voisins avec ça…